«Un vrai commando de la tête aux pieds!»

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Porrentruy (JU)«Un vrai commando de la tête aux pieds!»

Un DJ rentré d'une fête villageoise est tombé sur des pilleurs de bancomat avant le lever du jour, lundi matin.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

Deux attaques simultanées de bancomats ont réveillé le voisinage, lundi matin à Porrentruy et à Alle. Dans la capitale ajoulote, un témoin présent avant les explosions a assisté à l'intégralité d'une opération, à cinq heures du matin: DJ, Sébastien rentrait de la fête villageoise de Fontenais.

Le temps d'entreposer son matériel dans son hangar avec un compère, derrière l'Hôtel de la Gare, et ce noctambule s'est trouvé nez à nez avec les bandits qui prenaient pour cible un distributeur de billets: «Un vrai commando de la tête aux pieds!», témoigne Sébastien.

En zigzaguant

Ce qui l'a intrigué, alors qu'il conduisait son bus Renault pour passer au Coop Pronto de la gare, ce sont les allers-retours d'une puissante BMW noire: «Cette voiture allait et venait devant la gare en zigzaguant», rapporte Sébastien.

Deux hommes encagoulés ont attiré son attention: «Je me suis dit: c'est un braquage!». Une, deux trois explosions ont retenti, allant crescendo, qui ont brisé les vitres d'une fenêtre et d'une porte, de l'autre côté de la route. Le DJ a vu une plaque métallique atterrir au milieu de la route. «Les gangsters déposaient à chaque fois une nouvelle charge. Pour se protéger, ils se plaquaient contre le mur, à une quinzaine de mètres du distributeur».

À klaxonner

Loin de se faire discret, Sébastien s'est mis à klaxonner tant et plus. Son intervention a été commentée dans une langue étrangère. «Ca ne les a pas arrêtés, alors je leur ai foncé dessus pour les faire fuir! J'ai manqué de peu d'en écraser un», raconte le DJ de 51 ans.

Petits et minces, les bandits ont couru à la voiture en ramassant par terre un sac noir jeté. «Ont-ils pris la fuite bredouilles en se sentant repérés?», se demande aujourd'hui Sébastien.

Peur de rien

Les gangsters encagoulés ont grimpé dans la BMW Alpina conduite par leur complice. Au rond-point de la gare, les fugitifs ont ralenti et les regards se sont croisés. «Ils m'ont observé, mais je n'ai peur de rien!», commente le DJ.

«J'ai tenté de les suivre en direction de frontière», poursuit le témoin. Peine perdue: «À entendre le bruit du moteur, leur voiture était gonflée à mort», suppose Sébastien.

À 5 heures

À Alle aussi, à cinq kilomètres de Porrentruy, plusieurs déflagrations ont secoué le cœur du village, à cinq heures. Des villageois ont mis le nez à la fenêtre. Certains sont même sortis sur leur balcon avec, aux premières loges, l'employé de banque habitant l'immeuble visé.

Par-dessus la rivière, le souffle des explosions a brisé des carreaux et projeté des débris. «C'était violent! Quand on a entendu un premier «boum, on l'a attribué à une bouteille de gaz, à la boucherie», racontent Christian et Michel.

Un feu bleu

À Alle, des malfrats ont échangé quelques mots en français et dans une autre langue. Deux voitures ont été observées, dont une stationnée sur un trottoir, à la hauteur d'un passage piéton, d'où partait un tuyau jusqu'à la banque, peut-être un tube de gaz.

«Cette voiture très puissante a démarré en trombe avec un feu bleu sous le pare-brise, un girophare qui pendant quelques secondes a semé la confusion», dit un villageois.

«On a un peu peur, quand on en voit tirer à la Kalachnikov pour un rien...», avoue Michel, en s'avouant impressionné. Un sentiment que Sébastien n'a pas éprouvé à Porrentruy, même si la discrétion et de mise sur son identité, par crainte de représailles.

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