TensionsLa Russie accuse les Etats-Unis de vouloir militariser l’espace
Moscou a accusé mardi Washington de vouloir déployer des armes dans l’espace, après l’échec d’un projet de résolution russe à l’ONU.
La Russie a accusé mardi les Etats-Unis de vouloir déployer des armes dans l’espace après l’échec d’un projet de résolution russe à l’ONU, quelques semaines après avoir fait l’objet d’accusations similaires de la part de Washington, nourrissant la crainte d’une course aux armements.
Les tensions entre Moscou et Washington à ce sujet, sur fond de conflit en Ukraine, ressuscitent le risque, datant de la Guerre Froide, d’une militarisation de l’espace malgré l’existence depuis 1967 d’un traité appelant à «ne pas développer d’armes nucléaires, ou toute autre arme de destruction massive, conçues spécifiquement pour être placées en orbite».
Avec le rejet du texte russe à l’ONU lundi par Washington et ses alliés, les Etats-Unis ont démontré qu’ils visent à «placer des armes dans l’espace extra-atmosphérique et à en faire une arène d’affrontement militaire», a fustigé mardi la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.
«Une nouvelle occasion d’empêcher une course aux armements dans l’espace a été manquée par la faute des Etats-Unis et de leurs alliés», a poursuivi Mme Zakharova, défendant le projet de résolution russe comme étant une «initiative constructive».
Fin avril, les Etats-Unis et le Japon avaient présenté devant le Conseil de sécurité leur propre projet de résolution pour prévenir une militarisation de l’espace, mais la Russie avait mis son veto, arguant que le texte se concentrait uniquement sur les armes nucléaires.
Le projet de résolution présenté par la Russie et la Chine lundi, qui reprenait en partie le texte bloqué en avril, appelait en plus tous les Etats membres à prendre «des mesures urgentes pour empêcher, à jamais, le placement d’armes dans l’espace et la menace ou l’utilisation de la force dans l’espace».
Avec sept voix pour (notamment celles de la Russie, la Chine et l’Algérie), sept contre (dont les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France) et une abstention (la Suisse), le texte n’a pas rassemblé les neuf votes nécessaires pour être adopté.
Hypocrite
L’ambassadeur américain adjoint, Robert Wood, a qualifié l’initiative russe d’«hypocrite», estimant que Moscou cherchait à «détourner l’attention de ses efforts dangereux visant à placer une arme nucléaire en orbite».
Il a appelé à être «sceptique» quant aux «intentions» de la Russie, l’accusant d’avoir la semaine dernière placé en orbite un satellite «qui serait capable d’attaquer d’autres satellites».
L’ambassadeur russe Vassili Nebenzia, a lui estimé que l’issue du vote avait permis de «démasquer» les Occidentaux qui «avancent vers la militarisation de l’espace» et qui selon lui sont désormais «isolés» au Conseil.
La Maison Blanche avait assuré en février que la Russie développait une arme nucléaire antisatellite dans l’espace, des accusations qualifiées d’infondées par Moscou.
Des médias américains, citant de hauts responsables à Washington, avaient précisé à l’époque que le supposé projet russe n’en était qu’au stade du développement et ne constituait pas une menace immédiate.
Le président russe Vladimir Poutine s’est dit «catégoriquement opposé» au déploiement d’armements nucléaires en orbite et assuré que Moscou ne faisait dans l’espace que «ce que d’autres pays y font, y compris les Etats-Unis».
Moscou avait cependant reconnu en novembre 2021 avoir pulvérisé un vieux satellite soviétique inactif en orbite par un tir d’essai de missile, un tir effectué depuis la Terre.
Cet incident avait déjà relancé les craintes de voir l’espace se transformer en un champ de bataille entre grandes puissances, avides d’expérimenter de nouvelles technologies militaires.
Les Etats-Unis et la Russie continuent néanmoins de coopérer dans le domaine spatial civil, notamment pour l’envoi de spationautes vers la Station spatiale internationale (ISS).
Ces dernières années, des tensions sont toutefois apparues, conséquence des évolutions géopolitiques sur Terre, Moscou et Pékin affirmant vouloir approfondir leur collaboration spatiale face aux puissances occidentales.
Au milieu de ces tensions, la Russie ambitionne de construire dans les prochaines années sa propre station en orbite et de relancer les missions vers la Lune, malgré l’échec de la sonde Luna-25 en 2023.