Nouvelle-Calédonie«On est en train de s’entretuer»
Les violentes émeutes faisant rage depuis lundi ont fait un sixième mort, samedi à Kaala-Gomen: un père de famille qui tentait de forcer un barrage avec son fils.
Un Caldoche est mort et deux autres hommes ont été blessés samedi en Nouvelle-Calédonie dans un échange de coups de feu sur un barrage érigé par des Kanaks dans le nord de la grande île. Le général Nicolas Matthéos, commandant de la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie, a confirmé «un mort et deux blessés à Kaala-Gomen», une commune de la province Nord.
Ce décès porte à six le nombre de morts depuis le début lundi des violences, les plus graves survenues en Nouvelle-Calédonie depuis les années 1980, sur fond de contestation indépendantiste d’une réforme électorale votée à Paris.
Outre ces six morts – deux gendarmes et quatre civils, trois Kanaks (d’origine autochtone mélanésienne) et un Caldoche (d’origine européenne) – des centaines de blessés sont à déplorer, selon les autorités. Les faits de Kaala-Gomen se sont produits samedi à 14h30 (5h30 en Suisse), selon deux sources proches du dossier.
D’après une de ces sources, des tirs ont été échangés quand deux Caldoches d’une même famille ont voulu passer un barrage: le père est décédé, son fils a été blessé, ainsi qu’un Kanak qui se tenait sur ce point de blocage. Ces trois personnes avaient été évacuées vers l’hôpital de Koumac (nord) après l’échange de coups de feu.
Il s’agit du premier mort en dehors de l’agglomération de Nouméa, la «capitale» calédonienne, où s’étaient concentrées jusque-là des émeutes ayant une dimension essentiellement urbaine. Vendredi en fin de soirée, l’arrivée de 1000 renforts supplémentaires, en plus des 1700 déjà déployés, a montré la détermination des autorités françaises à reprendre le contrôle de la situation.
La vie quotidienne des Néo-Calédoniens devient de plus en plus difficile. Les dégâts compliquent le ravitaillement dans les commerces ainsi que le fonctionnement des services publics, notamment de santé. Si une pizzeria et un traiteur japonais ont été réduits en cendres, le supermarché du quartier, juste à côté, a rouvert ses portes pour quelques heures seulement, avec une file d’attente de plusieurs centaines de personnes.
Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a appelé à cesser barrages et barricades. «On est en train de s’entretuer et on ne peut pas continuer comme ça», a déclaré Vaimu’a Muliava, membre du gouvernement chargé de la Fonction publique. «Des gens meurent déjà non pas à cause des conflits armés, mais parce qu’ils n’ont pas accès aux soins, pas accès à l’alimentation».
Les autorités françaises espèrent que l’état d’urgence en vigueur depuis jeudi va faire reculer les violences, qui ont débuté lundi après une mobilisation contre une réforme électorale contestée par les représentants du peuple autochtone kanak. En réponse, le gouvernement a envoyé des renforts policiers, interdit TikTok – réseau social prisé des émeutiers -, et déployé des militaires.