Festival de CannesMeryl Streep: «Bien sûr que je veux participer à Mamma Mia 3»
L'actrice de 74 ans a donné une masterclass, mercredi dans le Palais des festivals. Elle a raconté plusieurs anecdotes de son incroyable carrière.
- par
- Fabio Dell'Anna, Cannes
Meryl Streep, quelle icône! À 74 ans, l'actrice a reçu une Palme d'honneur lors de l'ouverture du Festival de Cannes, mardi 14 mai. Le lendemain, elle a donné une masterclass au Théâtre Debussy. Les 1068 places se sont arrachées en un clin d'œil. Même s'il était possible d'obtenir encore des tickets de dernière minute, plusieurs dizaines de personnes étaient déjà rassemblées devant les lieux dès 8 h, alors que l'événement ne commençait qu'à 14 h 30.
Meryl Streep est arrivée à l'heure, vêtue d'un pantalon noir et d'une chemise bleue, avec une paire de baskets. Détendue et toujours avec une touche d'humour, elle a partagé des anecdotes de sa vie avec les quelques privilégiés présents. «Je me suis couchée à 3 h et j'ai une gueule de bois», plaisante-t-elle dès le début, avant d'ajouter au sujet de sa carrière: «Je suis si vieille que j'ai travaillé avec tout le monde.» Elle raconte que Steven Spielberg est «un génie», qu'Adam McKay est «un cinéaste incroyable et tellement drôle», et évoque avec émotion Carrie Fisher qui lui «manque vraiment».
Vous avez reçu une palme d'honneur, mardi soir. Comment avez-vous vécu ce moment?
J'ai ressenti une simple vague d'émotion venant du public, et c'était bien plus grand que ce que je pensais. Je mène une vie très calme, donc c'est assez incroyable d'entrer dans cette arène et d'avoir ce raz-de-marée. J'ai aussi adoré Camille Cottin; j'ai regardé tous les épisodes de «Dix pour cent».
La dernière fois que vous êtes venue au Festival de Cannes, c'était il y a 35 ans pour «Un cri dans la nuit». Quel souvenir en gardez-vous?
Quand je suis arrivée à Cannes la première fois, ils m'ont dit: «Vous aurez besoin de neuf gardes du corps.» Je n'en avais jamais eu auparavant. La vérité est que j'en avais peut-être besoin d'une douzaine. Il n'y avait pas autant de barrières de sécurité. Je ne m'en suis presque pas remise… C'est vraiment ce dont je me souviens. Je n'ai plus de souvenir du moment où j'ai reçu le prix de la meilleure interprétation féminine... J'avais tellement peur.
Estimez-vous qu'il y a du progrès en matière d'égalité entre les acteurs et les actrices dans le cinéma?
Oui, mais cela a pris du temps. Je l'ai dit 150 000 fois: le plus difficile, pour un homme, est de se reconnaître à travers un personnage féminin qui tient le rôle principal d'un film. «Le Diable s'habille en Prada» était le premier long-métrage où un homme est venu me voir par la suite et m'a dit: «Je sais ce que tu ressentais.» Plus d'un homme m'a confié: «Je sais ce que tu ressens. Je sais ce que c'est d'être celui qui prend les décisions et que personne ne comprend.»
Trouvez-vous que les rôles féminins ont changé?
Les rôles pour les femmes sont merveilleux maintenant. Tant de femmes produisent aujourd'hui leurs propres films, Reese Witherspoon, Nicole Kidman ou encore Natalie Portman, et j'en suis admirative. J'ai eu une société de production de bébés (ndlr.: elle a eu 4 enfants), et c'est tout (Rires.). Je ne prenais jamais d'appels téléphoniques après 19 h.
Vont-ils ressusciter votre rôle de Donna pour un «Mamma Mia 3»?
Ils ont une idée, mais je ne sais pas comment ils vont la concrétiser. Je vais en entendre parler très bientôt. Et bien sûr que je veux y participer. Je pense que les gens vont adorer.
Pouvez-vous nous parler d'«Out of Africa» et de la mythique scène du shampoing que vous avez jouée avec Robert Redford?
Il s’est vraiment impliqué et il était génial. À la cinquième prise, j'étais déjà tombée amoureuse. C'est une scène de sexe d'une certaine manière parce que c'est si intime. À l'écran, nous avons vu tant de scènes de gens qui couchent ensemble, mais nous ne voyons pas souvent ce contact affectueux, cette attention particulière. C'est merveilleux. Je ne voulais pas que cette journée se termine, même si les hippopotames me mettaient mal à l'aise.
Vous avez également tourné avec et pour Clint Eastwood dans «Sur la route de Madison» en 1995. Quels souvenirs gardez-vous et comment était-il?
Nous avons tourné le film en cinq semaines. Il allait très vite. Parfois, on répétait et, sans nous prévenir, il nous disait: «On passe à la scène suivante.» Et il a gardé la répétition dans le montage final. Il n'a jamais élevé la voix, sauf une fois, lorsque que quelqu'un parlait pendant une prise. Il a hurlé tellement fort que toute l'équipe était secouée pour le reste de l'après-midi.