Roman Polanski relaxé

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Poursuivi en diffamationRoman Polanski relaxé

Dans une interview, le réalisateur avait qualifié d'«odieux mensonges» les accusations de Charlotte Lewis.

Roman Polanski

Roman Polanski

AFP

Poursuivi en diffamation par l’actrice britannique Charlotte Lewis, le cinéaste Roman Polanski a été relaxé mardi par le tribunal judiciaire de Paris.

Le réalisateur âgé de 90 ans, accusé d’agressions sexuelles et de viols par plusieurs femmes, dont Charlotte Lewis, avait qualifié d'«odieux mensonge» les accusations de cette dernière.

Les juges de la 17e chambre correctionnelle, spécialisée dans les affaires de presse, n’avaient pas à se prononcer pour déterminer si Roman Polanski a violé ou non l’actrice britannique mais seulement si le cinéaste a fait, ou non, un usage abusif de sa liberté d’expression dans un entretien publié par «Paris Match» en décembre 2019.

Les propos poursuivis relèvent d’un «jugement de valeur sur le caractère versatile de la partie civile», ont estimé les magistrats de la 17ᵉ chambre. Le tribunal a discerné «un important décalage entre l’admiration et la reconnaissance (de la comédienne) à l’égard du réalisateur, dont elle a publiquement fait part jusqu’en 2010, et la dénonciation de la nature violente de leur relation au moment où elle a décidé de participer à la vindicte engagée contre lui».

Selon le tribunal, il n’y a dans les propos poursuivis «aucun fait susceptible de porter atteinte à l’honneur et à la considération de la partie civile».

«C’est une décision importante», s’est félicitée à l’issue de l’audience Me Delphine Meillet, avocate de Roman Polanski. «On peut mettre en doute la parole d’une accusatrice», a-t-elle insisté.

Charlottes Lewis, en larmes

Charlotte Lewis, en larmes, a fait part de sa «tristesse». «C’est un jour très triste pour les femmes qui dénoncent leur agresseur», a-t-elle dit. Son avocat, Me Benjamin Chouai, a indiqué que sa cliente allait «probablement» faire appel. «Ce n’est pas fini», a-t-il prévenu.

Interrogé dans «Paris Match» sur les accusations d’agression sexuelle et de viol portées contre lui par plusieurs femmes, dont Charlotte Lewis, le réalisateur de «Rosemary’s Baby» avait répondu: «voyez-vous, la première qualité d’un bon menteur, c’est une excellente mémoire. On mentionne toujours Charlotte Lewis dans la liste de mes accusatrices sans jamais relever ses contradictions».

Le réalisateur avait qualifié d'«odieux mensonge» les accusations de la comédienne.

En 2010, lors d’une conférence de presse au festival de Cannes, Charlotte Lewis avait raconté avoir été agressée à l’occasion d’un casting organisé chez Roman Polanski, à Paris en 1983, alors qu’elle était âgée de 16 ans.

Pour illustrer les «contradictions» selon eux de la plaignante, les avocats de Roman Polanski avaient exhumé lors du procès un entretien accordé par la comédienne en 1999 au tabloïd News of the World dans lequel elle faisait part de son admiration pour le réalisateur qui lui a confié en 1986 un rôle dans son film «Pirates».

«Il me fascinait et je voulais être sa maîtresse. Je le voulais probablement plus qu’il ne me voulait», aurait-elle confié au tabloïd britannique. La comédienne conteste en partie les paroles qui lui sont attribuées par le journal.

Pour les avocats de Roman Polanski, leur client a été «jeté en pâture sur la place publique» dans «le contexte étouffant de #MeToo», le mouvement de la libération de la parole des femmes.

Roman Polanski, qui a gagné notamment un Oscar et une Palme d’Or à Cannes pour «Le Pianiste», a été accusé d’agressions sexuelles et viols par une dizaine de femmes au fil de sa carrière, des affirmations qu’il a toujours contestées et qui ne l’ont pas empêché de travailler.

Il est considéré comme un fugitif aux États-Unis depuis plus de quarante ans, après une condamnation pour des «relations sexuelles illégales» avec une mineure de 13 ans, Samantha Gailey (devenue Geimer).

En 1977, arrêté, accusé d’avoir drogué et violé cette adolescente, il avait passé 42 jours en prison avant d’être libéré et de gagner Paris. Il est visé depuis par un mandat d’arrêt international de la justice américaine.

Le cinéaste est appelé à comparaître en 2025 en Californie, lors d’un procès au civil pour viol d’une adolescente en 1973, des accusations qu’il conteste «avec la plus grande fermeté» selon son avocate parisienne.

(AFP)

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