Nemo? Un OVNI en politique

La performance scénique réalisée par Nemo samedi soir à Malmö en aura subjugué plus d'un. Même pour ceux qui n'ont pas d'atomes crochus avec les paillettes et le vacarme de l'Eurovision, il faut bien admettre que la prestation du chanteur biennois a été bluffante. Il a survolé littéralement le concours.

On le savait, mais il a répété que sa chanson évoque son parcours de vie de personne non-binaire, que c'est une œuvre militante pour le troisième genre, qui n'existe pas en Suisse. On a découvert un personnage attachant de 24 ans, qui semble avoir la tête bien sur ses épaules, doté d'un sang-froid à toute épreuve et d'une joie de vivre ambulante.

«Je suis incroyablement fier et enthousiasmé, lui a écrit le conseiller fédéral Beat Jans. Avec ta performance d'hier, tu as écrit l'histoire et énormément contribué à l'acceptation par la société de la communauté queer». C'est sans doute vrai, en partie, car il faudra transformer l'essai.

Quelques grincheux ont réagi sur les réseaux, en qualifiant cette victoire de «jour de honte pour notre pays». Tout le monde sait que l'UDC n'aime pas les questions de genre. Dans son programme y figure tout un chapitre «Les diktats du genre et l'absurdité Woke», déplorant que la société mette «l’accent sur une infime minorité de personnes souffrant de transidentité. Derrière cela, se cache l’affirmation selon laquelle le sexe n’est pas une condition biologique, mais une «construction sociale».» Ce que conteste l'UDC.

Mais Nemo leur aura montré que, s'il y a une souffrance quelque part, elle a été sublimée par la musique et son chant extraordinaire. Il leur a montré aussi que la Suisse pouvait atteindre l'excellence dans le domaine artistique, dans le domaine de l'extravagance, où on ne l'attend pas assez souvent.

La victoire de Nemo est également une bonne nouvelle pour la SSR qui devra organiser l'édition 2025. Dans un contexte où les mêmes grincheux mettent en cause son existence, organiser cet événement va lui donner une bonne occasion de montrer une image positive. Et que ce n'est pas le moment de lui couper encore des moyens.