UNIVERSITE DE LAUSANNEDes étudiants juifs de l’UNIL disent leurs craintes
Dans le «SonntagsBlick», des étudiants juifs rapportent cacher leur identité par peur des manifestants propalestiniens et critiquent la direction de l’UNIL.
Après les cinq premiers jours de siège propalestiniens à l’Université de Lausanne (UNIL), le SonntagsBlick a rencontré des étudiantes et étudiants juifs. Ils s’expriment pour la première fois, mais sous couvert d’anonymat, par peur pour leur sécurité. «Je crains que l'antisémitisme ne dégénère sur notre campus», dit Elias (prénom d’emprunt), étudiant en Sciences criminelles de l’UNIL âgé de 18 ans. «En tant que juif et Israélien, j'ai un sentiment de malaise. L'atmosphère est oppressante», note-t-il.
Elena (prénom d’emprunt) dit désormais entrer dans l’enceinte de l’université qu’avec un sentiment de malaise». Elle se sent «coincée» par les protestataires: «Nous, les Juifs, n'osons plus révéler notre identité, nous ne portons plus de kippa, nous enlevons nos étoiles de David. L'université n'aurait jamais dû autoriser une telle occupation. Cela a créé un mouvement qui met en danger la sécurité des étudiants juifs, note-t-elle.
Ambiance aggressive
Ces craintes sont partagées par une partie des plusieurs dizaines étudiants juifs de l’UNIL. Ils ont écrit à la direction pour faire état d'une ambiance agressive. De la propagande anti-israélienne serait affichée à de nombreux endroits, dans la bibliothèque, dans les salles de cours, dans les couloirs. «Il m'est impossible de travailler dans ces conditions», écrit l’un des étudiants.
Actes antisémites à sanctionner
L’Union des Étudiants Juifs de Suisse, restée silencieuse jusqu'ici, prévoit de s'exprimer dans les jours à venir. Dans une communiqué que le journal alémanique a pu consulter, elle condamne «fermement les occupations et leurs revendications» et exige de toute urgence des universités «de garantir la sécurité des étudiants juifs». Le communiqué déplore notamment certains slogans des manifestants qui dénient à Israël le droit d'exister: «De telles déclarations sont antisémites et blessent les personnes juives». Interrogé par le SonntagsBlick, le service de presse de l’UNIL écrit que «si un acte ou des propos antisémites devaient être prouvés, ils seraient sanctionnés».
Des juifs décoloniaux souhaitent un état binational
Dans un courrier envoyé samedi à la direction de l’UNIL et aux médias, le Groupe de juifs décoloniaux, descendants d’exilés du Maroc et de l’Égypte, exprime son soutien au peuple Palestinien et à l’occupation de l’UNIL. «L’état d’Israël prétend agir au nom des juifs du monde entier, en nous englobant dans son projet génocidaire. Il nous fait ainsi porter la responsabilité et la justification de ce génocide», écrit le groupe. Il déplore «un transfert de la violence antisémite historique sur le peuple palestinien.» Dénonçant les «crimes répétés du gouvernement israélien» contre les Palestiniens, le groupe dit souhaiter «de tout son cœur» un état binational et une égalité des droits.