FootballÀ Thoune, Andres Gerber croit toujours à la Super League
Ancien capitaine emblématique du club de l'Oberland, l'actuel président pense toujours à la promotion, mais admet qu'il faudra probablement passer par les barrages.
- par
- Renaud Tschoumy
En tête de classement de Challenge League, les choses semblent claires: Sion possède trois points d'avance sur Thoune, et la promotion directe en Super League tend les bras au club valaisan, puisque Thoune est condamné à remporter ses deux derniers matches en espérant que Sion n'en gagne pas un sur deux au moins. En Oberland, même si on sait qu'il faudra probablement passer par les barrages, on garde malgré tout son optimisme.
Ancien milieu de terrain et capitaine emblématique du FC Thoune - il conduisait l'équipe qui avait tenu tête à Arsenal en phase de groupes de Ligue des champions 2005/2006 (défaite 1-2 à Highbury sur un but de Bergkamp inscrit à la 92e!) -, Andres Gerber, aujourd'hui 53 ans, est resté fidèle à ce qui a été son dernier club en tant que joueur (il était passé par Lausanne-Sports de 1998 à 2000).
Devenu président du FC Thoune en 2020, il affirme croire la promotion tout à fait dans les cordes de l'équipe entraînée par Mauro Lustrinelli. Et il relativise dans la foulée les conséquences d'un éventuel échec. Il s'en est ouvert au Matin.ch, à quelques heures d'un match contre Schaffhouse que Thoune devait absolument gagner samedi soir (ce qu'il a fait, 3-0).
Andres Gerber, croyez-vous encore la première place possible pour Thoune?
Je vais commencer par vous répondre qu'on a vu beaucoup de renversements en football. Donc, tant que rien ne sera mathématique, oui, on y croit encore. Cela étant, la raison m'impose de dire que je ne vois pas Sion perdre ses deux derniers matches.
Ce qui voudrait dire que vous acceptez le fait de devoir passer par les barrages...
Oui, totalement. Vous savez, après la victoire de Sion jeudi à Aarau (2-1), un sponsor a mis dans notre chat interne: «Zut, Sion a gagné». Cela m'a interpellé, et je lui ai répondu que ce n'était pas si grave que cela. Quand tu as un barrage qui se profile, avec match retour à la maison (aller le 26 mai, retour le 31 mai), cela crée de l'euphorie autour de l'équipe. Une sorte d'effervescence qui est toujours sympa à vivre. C'est un peu comme avant une finale de Coupe. Tu sens la tension monter, tu sais que tu joueras dans un stade plein, et quelque part, c'est pour connaître des moments pareils que les joueurs s'entraînent tous les jours. J'irais même jusqu'à dire que je trouverais dommage qu'ils ne les vivent pas!
Mais cela engendre le risque de se faire battre au total des deux matches par le onzième de Super League, donc de ne pas fêter de promotion...
Oui, et alors? La terre ne s'arrêterait pas de tourner pour autant. J'ai suffisamment d'expérience pour savoir ce que c'est. Prenez le cas de Baden: il y a un an, ce club était tout à l'euphorie d'une promotion en Challenge League. Et où se retrouve-t-il aujourd'hui? Il a vécu une saison terrible, il est relégué depuis longtemps et il n'a plus de président. Je me demande donc si le jeu en vaut toujours la chandelle.
Vous êtes en train de dire que vous pensez que Thoune serait mieux en Challenge League?
Non, je n'ai pas dit ça. Mais je mets simplement dans la balance qu'il vaut parfois mieux vivre une très belle saison de Challenge League, comme c'est le cas pour nous cette saison, que de vivre l'enfer un cran plus haut. Je suis le premier à souhaiter que nous réussissions à monter, évidemment. Mais je sais aussi ce que cela implique: une équipe à renforcer, des coûts de sécurité qui explosent, autant de choses à assumer. On aura forcément davantage de sponsors et de spectateurs, et on recevra plus de droits TV, mais une ascension n'est jamais simple à gérer pour un président et son comité.
D'autant que Thoune a connu quelques problèmes financiers ces dernières années...
Oui, et vous n'imaginez pas à quel point cela a été un soulagement pour nous d'apprendre que nous recevions notre licence en première instance, tant nous redoutions d'être recalés. Diriger un club comme Thoune, c'est mener un combat perpétuel. On aimerait offrir plus, à nos joueurs, aux membres de notre staff, à nos employés. Mais on ne peut pas dépenser ce que l'on n'a pas. En ce sens, même des clubs comme Yverdon ou le SLO sont mieux lotis que nous avec l'arrivée de leurs nouveaux investisseurs.
Ce qui ne vous empêche de garder votre optimisme...
Pourquoi devrais-je le perdre? Au pire, nous serons barragistes. Et alors? Quoi qu'il en soit, ce n'est pas nous qui aurons la pression. Nous aurons tout à gagner. Notre adversaire en barrage, lui, aura sa place en Super League à perdre. Il sera forcément moins en confiance que nous et peut devenir nerveux avec la pression. Alors j'attends sereinement que cela se passe. Je prendrai ce qui viendra, on verra bien ce que ce sera.