Le musée d'Orsay porte plainte, la performeuse s'offusque

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«L'Origine du monde» maculéeLe musée d'Orsay porte plainte, la performeuse s'offusque

«Le cadre a reçu de nombreuses projections de peinture qui pourraient laisser des traces durables», indique le musée.

Des visiteurs devant «L'origine du monde»  en 2023.

Des visiteurs devant «L'origine du monde»  en 2023.

AFP

Le musée d’Orsay a annoncé vendredi avoir porté plainte après le tag du tableau de Gustave Courbet intitulé «L’origine du monde», qui doit être restauré, au Centre Pompidou-Metz (est) lundi.

Il était protégé par une vitre sur laquelle deux femmes ont tagué «MeToo».

«Maculée de peinture rouge, l’œuvre a été décrochée pour examen par une restauratrice qualifiée. Le cadre a reçu de nombreuses projections de peinture qui pourraient laisser des traces durables même après restauration», a précisé le musée dans un communiqué, indiquant avoir «déposé plainte».

«Les tests effectués pour nettoyer le verre de protection ont montré que l’emploi de solvants sera nécessaire, altérant ses propriétés et conduisant à son remplacement», a-t-il précisé.

«L’ensemble de ces opérations est délicat et doit être préparé par une analyse plus approfondie. Aussi, compte tenu du temps nécessaire aux interventions, "L’origine du monde" de Gustave Courbet ne pourra être raccrochée dans l’exposition "Lacan, quand l’art rencontre la psychanalyse" avant sa clôture le 27 mai», a ajouté le musée.

Peint en 1866, ce tableau représente un sexe de femme. Entré dans les collections du musée d’Orsay en 1995, il avait été prêté au Centre Pompidou-Metz dans le cadre d’une exposition consacrée au psychanalyste Jacques Lacan, qui en a été le dernier propriétaire privé.

Quatre autres oeuvres ont été taguées de la mention «MeToo», dont l’une «pourrait avoir été atteinte dans son intégrité car toutes n’étaient pas protégées», selon le procureur de la République à Metz. Une broderie rouge sur tissu d’Annette Messager, baptisée «Je pense donc je suce» (1991), a également été volée.

Cette «action», organisée par l’artiste performeuse franco-luxembourgeoise Deborah de Robertis, était baptisée «On ne sépare pas la femme de l’artiste».

Celle-ci a été mise en examen avec une autre femme et toutes deux ont été placées sous contrôle judiciaire. Une troisième personne, qui pourrait être à l’origine du vol, n’a pas été interpellée.

«J’ai utilisé un matériau non agressif»

«J’ai évidemment utilisé un matériau non agressif qui disparaît à l’eau. Cette façon de diaboliser, de criminaliser et de dramatiser la performance est un classique du genre. Car l’urgence pour le musée, à cet instant précis, est d’invisibiliser les accusations portées contre le curateur», a réagi vendredi la performeuse.

Elle avait précédemment dénoncé, dans une lettre ouverte, les comportements de six hommes du milieu, les qualifiant de «calculateurs», «prédateurs» ou «censeurs».

Une photo de Deborah de Robertis, baptisée «Miroir de l’Origine du monde», était par ailleurs exposée à proximité de «L’Origine du monde» pour l’exposition du Centre Pompidou-Metz. On voit l’artiste poser, le sexe nu, sous l’œuvre de Courbet, une performance réalisée le 29 mai 2014 au musée d’Orsay.

Condamnée à une amende pour s’être dénudée devant la grotte de Lourdes en 2018, elle a également été plusieurs fois relaxée après des actions similaires, notamment en 2017 pour avoir montré son sexe devant «La Joconde» au musée du Louvre, à Paris.

(AFP)

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