Commentaire: «Pogi» prouve que le vélo peut encore être un jeu

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CyclismeCommentaire: «Pogi» prouve que le vélo peut encore être un jeu

Tadej Pogacar a fait du Tadej Pogacar, sur le début du Giro. Le Slovène ne changera pas de caractère pour s'économiser et c'est une bonne nouvelle.

Robin Carrel
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Robin Carrel
Le Slovène arrive même à se faire marrer lui-même (Photo by Luca Bettini / AFP)

Le Slovène arrive même à se faire marrer lui-même (Photo by Luca Bettini / AFP)

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Le vainqueur des Tours de France 2020 et 2021 est devant un défi à sa mesure, cette année. Il a décidé de s'aligner sur le Giro et la Grande Boucle, avec comme but de les gagner les deux à la suite. Un exploit seulement réussi jusqu'ici par Fausto Coppi, Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Bernard Hinault, Miguel Indurain, Stephen Roche et Marco Pantani. Fou? Oui. Mais ce cycliste de 25 ans l'est un peu et il faut en profiter, après des années US Postal ou Sky qui en ont endormi plus d'un devant la TV.

Depuis quelques semaines, les spécialistes de la petite reine débattaient pour savoir comme «Pogi» devait faire pour enchaîner ces deux épreuves de trois semaines et les remporter à la fin. Beaucoup estimaient qu'il devait courir contre nature et s'économiser au maximum. Au vu de la concurrence limitée sur les routes transalpines, le Slovène allait pouvoir gagner sans trop se fatiguer et arriver en force en France, alors que Remco Evenepoel et Jonas Vingegaard se remettent encore de lourdes blessures.

Ce que les consultants ont oublié, au milieu de toutes leurs conjectures, c'est que Tadej Pogacar n'est pas du style à arriver à faire les choses à moitié. C'est juste plus fort que lui, dès qu'il est sur une course, il veut se marrer. Et le sport, c'est toujours plus sympa quand on est fort. Du coup, depuis le début du Giro, le cycliste à la coupe de cheveux hirsute prend son pied sur tous les terrains, quitte à attaquer ce lundi dans le final d'une étape promise aux sprinters.

La journée s'annonçait terne, personne n'attaquait dans le peloton et le profil de la journée était plat comme la main, sauf deux minuscules kilomètres peu avant l'arrivée? Et bien le protégé de Mauro Gianetti en a profité pour prendre la roue de Mikkel Honoré, quand le Danois a tenté sa chance à quelque 5 bornes de l'arrivée. Le vétéran gallois Geraint Thomas lui a emboîté le pas, mais a souffert mille morts juste pour essayer de le suivre. Alors imaginez quand Pogacar a demandé un relais...

«OK fils. Tu t'es bien amusé. Mais demain, pourra-t-on avoir une journée tranquille?», a rigolé le coureur Ineos sur les réseaux sociaux dans la foulée. Et bien sûrement pas et c'est ça qui est beau. Car s'il a la possibilité de remuer un peloton sclérosé durant des années, Pogacar le fera, parce que c'est comme ça qu'il court depuis toujours. Comme il est un talent générationnel, la moindre bosse, le moindre coup de vent sur ce Giro, lui donneront envie de tenter un truc et ça le fera marrer.

Les ronchons, les anciens frustrés, eux, vont encore serrer leurs petits poings et râler sur Twitter, avec un pseudo du genre «CTmieuavant56» et expliquer via des calculs de watts que c'est impossible. A ceux-là, n'oubliez pas que samedi et lundi, il a perdu. Mais avec panache. Et sinon, rendez-vous dans dix ans... On verra bien. Moi je veux croire qu'un type qui enfile des shorts de cycliste grenat, en hommage au crash aérien du Torino, le 4 mai 1949 sur le colline de Superga, ne peut qu'être un génie. Profitons, on a sous les yeux un des plus grands talent de l'histoire du vélo.

Alors je sais pas vous, mais moi je n'ai jamais été un cador dans ce que j'entreprenais sur un terrain de sport. J'étais largement (très) moyen partout et c'était déjà pas mal, ça suffisait pour prendre du plaisir. Mais si vous aviez ne serait-ce qu'un dixième de la classe naturelle de Tadej Pogacar, comment aimeriez-vous vivre votre discipline? Personnellement, je pense que je ferais exactement comme le coureur du Team UAE. Quitte à gagner, autant le faire en m'amusant et en excitant les foules.

Pour vous, Tadej Pogacar...

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