Le plan de Macron pour éviter une mort «brutale» de l'Europe

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Position politiqueLe plan de Macron pour éviter une mort «brutale» de l'Europe

Le président français a accordé un long entretien à «The Economist». Il a été publié ce jeudi.

Emmanuel Macron, ici devant le Palais de l'Élysée le 30 avril dernier.

Emmanuel Macron, ici devant le Palais de l'Élysée le 30 avril dernier.

AFP

Emmanuel Macron a détaillé, dans «The Economist», son plan pour éviter une mort «brutale» de l’Europe, assumant au passage sa position controversée sur la possibilité d’envoyer des troupes au sol en Ukraine, si Moscou venait à «percer les lignes de front».

«Si les Russes devaient aller percer les lignes de front, s’il y avait une demande ukrainienne – ce qui n’est pas le cas aujourd’hui – on devrait légitimement se poser la question», a dit le président français dans un long entretien publié jeudi par l’hebdomadaire britannique.

Le chef de l’État français a créé la controverse fin février en affirmant que l’envoi de troupes occidentales sur le sol ukrainien ne devait pas «être exclu» à l’avenir. La plupart des pays européens, ainsi que les Etats-Unis, s’étaient nettement démarqués, même si certains ont depuis fait un pas en sa direction.

«Une logique de guerre totale»

Dans «The Economist», Emmanuel Macron affirme que la Russie «est rentrée dans une logique de guerre totale». Et il faut l’empêcher de gagner en Ukraine, faute de quoi «nous n’aurons plus de sécurité en Europe».

Interrogé sur la chaine LCI, le ministre des Affaires étrangères de Hongrie, Peter Szijjártó, a jugé la déclaration du président Macron «menaçante».

«S’il y a des troupes (occidentales) sur le territoire ukrainien, la guerre va gagner en ampleur», a-t-il dit. «Ce n’est pas notre guerre, une escalade du conflit serait très dangereuse», a-t-il poursuivi, en répétant la position hongroise: «Il faut un cessez-le-feu et les négociations de paix doivent commencer».

Dans «The Economist», le président Macron est également revenu sur sa mise en garde d’une Europe qui «peut mourir».

Une mort plus brutale qu'on l'imagine

Cette «mort» peut être «beaucoup plus brutale qu’on ne l’imagine», insiste-t-il jeudi. Selon lui, «un sursaut est possible» mais doit être «beaucoup plus profond» face à un «triple risque existentiel pour notre Europe»: «militaire et de sécurité», «économique» et démocratique.

Sur la défense, les Européens doivent s’asseoir «autour de la table pour bâtir un cadre cohérent», plaide Emmanuel Macron. «L’Otan apporte une de ces réponses et il ne s’agit pas de balayer l’Otan. Mais ce cadre est beaucoup plus large», ajoute-t-il.

Ce débat doit dépasser l’Union européenne, avance encore le président français, qui veut «arrimer la discussion dans le cadre de la Communauté politique européenne», ce nouveau format qu’il a inspiré pour inclure notamment Londres après le Brexit. «Ce serait une erreur d’exclure des pays qui ne sont pas dans l’UE», comme la Norvège, le Royaume-Uni ou ceux des Balkans.

L'arme nucléaire dans la réflexion

La réflexion doit aussi inclure l’arme nucléaire, dont la France et le Royaume-Uni sont dotés en Europe, réitère-t-il. Il propose que les partenaires européens «prennent en compte» cette «capacité» française, «sans pour autant la mutualiser».

Sur le plan économique, à la veille d’une visite d’Etat en France du président chinois Xi Jinping, lundi et mardi, Emmanuel Macron appelle l’Europe à défendre ses «intérêts stratégiques» et «les enjeux de sécurité nationale» au nom de la «réciprocité» dans ses relations commerciales avec Pékin. «Il y a de nombreux secteurs pour lesquels la Chine exige que les producteurs soient chinois, parce qu’ils sont trop sensibles. Eh bien nous Européens, nous devons pouvoir faire la même chose.»

«Le moins de nationalistes possible»

S’agissant de la «vulnérabilité démocratique», le chef de l’Etat, qui a promis de s’impliquer dans la campagne des européennes, lance enfin un avertissement aux électeurs: «La meilleure façon de construire ensemble, c’est d’avoir le moins de nationalistes possible».

«Je dis aux Européens: réveillez-vous!», «tous les nationalistes européens sont des brexiters cachés», ajoute-t-il, visant particulièrement l’extrême droite française, donnée par les sondages en tête des intentions de vote.

Après avoir prôné la sortie de l’Europe, le Rassemblement national tire maintenant «les dividendes de l’Europe en voulant la détruire sans rien dire», accuse le président Macron. «C’est comme si on était en train de dire "ce n’est pas grave de confier la banque à des braqueurs"», ajoute-t-il.

(AFP)

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