En Suisse, seuls les hauts salaires progressent depuis dix ans

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ProblématiqueEn Suisse, seuls les hauts salaires progressent depuis dix ans

L'Union syndicale suisse fait un bilan très mitigé de l'évolution des revenus depuis 2016.

Eric Felley
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Pour Pierre-Yves Maillard, président de l'USS, constate que le paiement des primes maladie pèse lourd sur le budget des ménages.

Pour Pierre-Yves Maillard, président de l'USS, constate que le paiement des primes maladie pèse lourd sur le budget des ménages.

Sébastien Anex/lematin.ch

«L’individualisation de la politique salariale bénéficie de manière disproportionnée aux cadres et aux top managers. Pour que les travailleuses et travailleurs reçoivent leur part des richesses qu’ils produisent, il faut à nouveau davantage de hausses généralisées des salaires». L'économiste en chef de l'Union syndicale suisse, Daniel Lampart a commenté ce lundi l'évolution des salaires en Suisse depuis 2016.

4000 personnes gagnent plus d'un million

Pour la grande majorité des travailleurs «les salaires ne sont pas beaucoup plus élevés qu’en 2016 en valeur réelle». Après 2021, 2022 et 2023, les salaires réels sont en baisse pour la quatrième année consécutive, a précisé la vice-présidente de l’USS, Vania Alleva. Mais pour une minorité, la période a été propice: «Les cadres et les plus hauts revenus gagnent par contre aujourd’hui 3000 francs de plus par mois, soit le 1 % des salariés les mieux payés. Et, pour la première fois, plus de 4000 personnes en Suisse perçoivent un salaire annuel égal ou supérieur à un million de francs».

Avantages fiscaux

L'USS pointe également du doigt la politique fiscale, qui fait aussi le jeu des personnes aisées et de la classe supérieure: «Les cantons se sont remis à réduire les impôts sur le revenu et la fortune, note l'USS, et de nouvelles baisses sont à l’ordre du jour. D’un autre côté, les primes d’assurance-maladie grèvent toujours plus le budget des revenus inférieurs ou moyens, d’autant plus que les cantons n’augmentent que faiblement leurs subsides au paiement des primes».

Pour Pierre-Yves Maillard, président de l’USS: «Au lieu de corriger la répartition inégale des revenus, la politique fiscale actuelle renforce les inégalités, en particulier parce que les primes-maladie, qui ne sont rien d’autre qu’un impôt par tête, augmentent sans cesse».

Salaire minimum à 4500 francs

L'USS formule des revendications pour augmenter «vigoureusement» les salaires réels normaux ou bas. Pour le syndicat, celui qui a fait un apprentissage devrait gagner pas moins de 5000 francs par mois. «Plus généralement, tous les salaires devraient se monter à 4500 francs au minimum. De telles augmentations de salaires sont économiquement possibles. Les affaires marchent bien et les entreprises réalisent des marges confortables», justifie l'USS.

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