AlimentationNestlé se défend de trop sucrer ses produits suivant les pays
Public Eye, une ONG suisse, affirme que le géant de l’alimentation met plus de sucre dans certains produits destinés aux pays émergents. Ce dernier rétorque que c'est faux.
Le géant de l’alimentation Nestlé, mis en cause la semaine passée par l’ONG suisse Public Eye, réfute jeudi les accusations selon lesquelles il traiterait les bébés différemment dans les pays émergents en commercialisant des produits avec du sucre ajouté.
Dans un rapport publié la semaine passée, l’ONG suisse avait épinglé la présence de sucre ajouté dans les aliments pour bébé dans des pays à faibles revenus alors que les produits des mêmes marques n’en contiennent pas du tout dans les marchés occidentaux, l’accusant de pratiquer un «double standard».
«Il n’y a pas de double standard entre les pays. Nous appliquons les mêmes principes partout», a affirmé le groupe suisse dans un communiqué.
«Pas de sucre ajouté»
«Tous nos aliments et produits laitiers pour la petite enfance sont équilibrés et suivent les lignes directrices et recommandations scientifiques reconnues», a ajouté le groupe, propriétaire entre autres des marques de laits infantiles Laboratoire Guigoz et Nestlé Nidal.
«Nos laits pour nourrissons de moins de 12 mois ne contiennent pas de sucre ajouté» et «pour ce qui est des laits de suite destinés aux enfants de plus de 12 mois, nous avons commencé il y a quelque temps à réduire le sucre ajouté», précise le communiqué, soulignant que «la grande majorité de ces produits ne contiennent pas de sucre raffiné».
La gamme de produits céréaliers et de muesli pour bébés est «disponible dans de nombreuses régions du monde, en Europe ainsi que sur les marchés d’Asie, d’Amérique latine et d’Amérique du Nord, avec ou sans sucre ajouté», détaille le géant suisse, l’objectif étant de «proposer des options sans sucre ajouté partout» en les introduisant «dans un pays après l’autre, s’il n’en existe pas encore».
Régime différent suivant les pays
Dans son enquête, l’ONG suisse Public Eye avait pris pour exemple les céréales pour bébés de 6 mois de la marque Cerelac à base de farine de blé, qui contiennent plus de 5 grammes de sucre ajouté par portion en Éthiopie et 6 grammes en Thaïlande alors qu’il n’en contiennent pas du tout en Allemagne et au Royaume-Uni.
Publié la veille de l’assemblée générale annuelle, ces révélations avaient accru la pression sur Nestlé alors que l’ONG ShareAction avait exigé un vote sur les aliments sains avec l’appui de sociétés de gestion d’actifs.
Pas le seul scandale
Le flux de nouvelles négatives entre ces révélations sur le sucre ajouté et les eaux minérales en France et en Suisse «soulèvent des inquiétudes parmi les investisseurs», a souligné Jean-Philippe Bertschy, analyste chez Vontobel dans un commentaire boursier, alors que le groupe publiait jeudi ses ventes trimestrielles.
Patrik Schwendimann, analyste à la banque cantonale de Zurich, a de son côté affirmé que «le sentiment des investisseurs à l’égard de Nestlé n’a jamais été aussi faible depuis plus de 25 ans». Le groupe va devoir faire preuve de claires améliorations «dans les trimestres à venir», a-t-il prévenu dans une note de marché.