DubaïLes pluies diluviennes sont dues au réchauffement climatique
Les Emirats arabes unis et Oman ont subi des précipitations hors norme la semaine dernière. Des scientifiques ont analysé les causes de ces déluges.
Le réchauffement climatique est l’explication «la plus probable» aux pluies diluviennes qui se sont abattues la semaine dernière sur les Emirats arabes unis et Oman, provoquant des décès et des inondations catastrophiques, affirme un groupe de scientifiques dans une étude publiée jeudi.
Les précipitations durant les années marquées par le phénomène El Niño ont augmenté de 10 à 40% dans ces pays pétroliers du Golfe, souligne l’étude du réseau World Weather Attribution (WWA), selon laquelle «le réchauffement, causé par la combustion de carburants fossiles», est «l’explication la plus probable» à ce phénomène. Il n’y a pas «d’autres explications connues à l’augmentation des pluies dans la région», affirment les chercheurs.
Même les régions sèches sont touchées
La tempête qui a touché plusieurs pays de cette région désertique a fait 22 morts à Oman et quatre aux Emirats arabes unis, où les pluies record ont provoqué des inondations majeures.
Cela montre «que même les régions sèches peuvent être fortement touchées par les précipitations, une menace qui augmente avec le réchauffement climatique dû aux combustibles fossiles», souligne Sonia Seneviratne, professeur à l’université ETH de Zurich et membre du WWA.
Ce groupe international de scientifiques, qui étudie le rôle du changement climatique dans les évènements météorologiques extrêmes, s’est basé sur les données historiques et les modèles climatiques pour étudier l’évolution des précipitations dans la région, y compris durant les épisodes El Niño, un phénomène climatique cyclique.
Avant, les pluies étaient moins intenses
L’étude souligne que les pluies extrêmes étaient moins intenses avant que la température moyenne sur la planète n’augmente de 1,2 degré Celsius par rapport au niveau de l’ère préindustrielle.
«Les précipitations extrêmes sont devenues au moins 10% plus importantes aux Emirats arabes unis et à Oman», relève Mariam Zachariah, chercheuse à l’Imperial College de Londres. Ce qui est «en accord avec les principes physiques de base selon lesquels une atmosphère plus chaude peut retenir plus d’humidité».
Le chaos à Dubaï
Les pluies torrentielles se sont d’abord abattues sur Oman la semaine dernière, avant d’atteindre les Emirats, où l’équivalent de près de deux ans de précipitations est tombé en une journée le 16 avril, paralysant une partie du pays.
Dans la ville ultra-moderne de Dubaï, plusieurs quartiers résidentiels et axes routiers ont été inondés, tandis que l’aéroport, l’un des plus fréquentés au monde, a dû annuler plus de 2000 vols.
Inondations de plus en plus violentes
Les Emirats arabes unis, septième producteur mondial de brut, investissent massivement dans les énergies renouvelables, tout en continuant à accroître leur capacité de production de pétrole et de gaz.
«Lors de la COP28, le monde s’est mis d’accord pour abandonner les combustibles fossiles. Près de six mois plus tard, les pays continuent d’ouvrir de nouveaux champs de pétrole et de gaz», a déploré le climatologue Friederike Otto, membre de la WWA.
«Si le monde continue à brûler des combustibles fossiles, les précipitations dans de nombreuses régions du monde deviendront de plus en plus abondantes, ce qui entraînera des inondations plus meurtrières et plus destructrices», a-t-il prévenu.