FranceKendji Girac s'est tiré dessus, voulant faire peur à sa femme
Le chanteur a eu une dispute avec sa compagne et aurait feint le suicide, disant qu'il ne savait pas que l'arme était chargée.
- par
- Michel Pralong
La thèse d’un accident, soutenue par le chanteur Kendji Girac après sa blessure par balle lundi, est jugée «impossible» après expertise balistique de l’arme utilisée, dont toutes les sûretés sont «opérationnelles», a déclaré jeudi le procureur de Mont-de-Marsan Olivier Janson.
«Un accident, un tir intempestif qui est de manière générale extrêmement peu probable s’agissant d’arme de poing de cette nature, est jugé impossible dans le cas d’espèce», a déclaré le magistrat en conférence de presse, rapporte l'AFP. «Toutes les sûretés sont opérationnelles. Un coup ne peut pas partir tout seul», a-t-il fait valoir.
Il a frôlé le pire
Le procureur a raconté que les pompiers ont été appelés par une femme lundi matin à l'aube, depuis le téléphone de Soraya, la compagne de Kendji Girac. Lorsque les pompiers arrivent, ils trouvent un homme blessé, assis sur une chaise en caleçon, à l'extérieur d'une caravane. Il est transporté à l'hôpital. Au camp, ceux qui parlent évoquent un accident.
Le médecin légiste déterminera que la balle est entrée précisément à la hauteur du mamelon gauche, tirée à bout portant. Elle est ressortie, entre la 10e et la 11e côte. Un poumon et la rate ont été touchés, mais ni le cœur, ni les os dans cette trajectoire à 45°, de haut vers le bas. Le procureur hésitera à évoquer le mot «miraculeux», mais finira par le faire.
Arrivés sur place, les gendarmes reçoivent un accueil glacial et silencieux. Les experts scientifiques devront attendre le retour de Soraya, partie avec les pompiers, pour avoir la clé de la caravane de Kendji Girac. Peu de désordre à l'intérieur, mais une balle a fait un trou dans la paroi, de l'intérieur vers l'extérieur. Aucune trace d'arme en revanche.
Arme retrouvée dans un buisson
Il faudra insister auprès du père de Kendji Girac pour que celui-ci trouve quelqu'un qui indique que l'arme a été jetée dans un buisson à quelques dizaines de mètres du camp. Elle est retrouvée, il s'agit d'un pistolet semi-automatique de modèle 1911, «en mauvais état d'entretien» mais elle fonctionnait parfaitement selon le procureur.
Pas de chargeur, et là encore, il faudra insister pour le récupérer, vide, ainsi que l'étui. Les deux appartiennent à l'arme. Improbable en revanche de se l'être procurée sur une brocante, comme disait le chanteur, ce serait en outre illégal, puisqu'il faut un permis.
Il s'entraînait au tir en Suisse
Des témoignages disent que Kendji savait tirer, qu'il s'entraînait notamment dans un club de tir en Suisse, où il vient régulièrement puisque Soraya est suisse (c'est dans notre pays qu'il l'a rencontrée dans un restaurant suite à une émission) et que ses parents vivent toujours là.
Les témoignages ont permis de reconstituer les faits: Kendji était arrivé dans le camp il y a une dizaine de jours, mais sans sa compagne et leur fille de 3 ans. Ses parents, dans la caravane voisine, sont partis avant le coup de feu pour aller trouver l'une de leurs filles sur le point d'accoucher. Soraya et leur fille seraient arrivées deux jours avant les faits.
Le jour du drame, Kendji aurait pris un déjeuner tardif et très arrosé, suivi d'une soirée couscous fortement alcoolisée. Il serait ensuite allé au casino avec ses cousins. Soraya a expliqué que depuis quelque temps, il buvait beaucoup et prenait de la coke une à deux fois par semaine. Elle a eu de la peine à s'intégrer parmi les gens du voyage et a insisté pour que leur fille ne rate jamais un jour d'école.
Il était très alcoolisé
La nuit du drame, très alcoolisé, il avait 2,5 grammes d'alcool dans le sang, il réveille leur fille en rentrant. N'en pouvant plus, Soraya lui dit qu'il va falloir choisir et que c'est soit lui, soit elle qui doit partir. Il s'énerve, tape dans un mur, puis elle l'entend fouiller les placards, avant un coup de feu. Elle le trouve assis contre le mur, une blessure au torse.
Kendji Girac expliquera aux enquêteurs avoir eu «comme une impulsion». Il aurait voulu faire peur à sa femme et simuler un suicide. «Nous avons un tir provoqué volontairement par Kendji Girac» qui dit avoir ignoré que l'arme était chargée au moment du drame.
«Sa version lui appartient et doit être mise en rapport avec le tabou de la question du suicide chez les gens du voyage», ajoute le procureur, qui explique que ce geste n'est pas puni par la loi. Selon le magistrat, Kendji Girac «regrette très fortement» son geste.
Hors de danger
Kendji Girac est en outre revenu sur ses déclarations de l'arme prétendument achetée dans une brocante. Il l'a, dit-il, achetée le 18 avril à un homme en visite dans le camp pour 500 euros.
«Sauf événement nouveau, cette procédure devrait être classée», selon le procureur.
Le chanteur est hors de danger, mais fatigué. Il devra recevoir des soins durant plusieurs mois.