«Children of the Sun», une question de trajectoire

Disponible sur PC uniquement (sur Steam pour être précis), «Children of the Sun» est une drôle de chose. Une sorte de jeu indé, apparemment conçu à deux mains (et certainement pas beaucoup plus) édité par Devolver, une structure qui soigne une image de gamin rebelle.

Le pitch? Il est digne d'un très mauvais film de genre. Née et élevée dans une horrible secte, une jeune femme sombre dans la folie vengeresse et s'emploie à éliminer au fusil de sniper tous les membres des «Children of the Sun». Tout est raconté, sans paroles ni écrits, mais en crayonnés, ce qui donnent au jeu une patine stylistique originale.

Ce qui fait l'intérêt du jeu est fort éloigné de cet ersatz de scénario au goût douteux: c'est son gameplay. En gros, la tireuse est placée en périphérie d'un terrain dans lequel les membres vaquent à leurs occupations. Ses possibilités de déplacement sont limités: elle peut tourner (plus ou moins) autour ses cibles, mais pas s'en approcher. Il s'agit donc pour elle de les repérer, éventuellement de les marquer, puis de tirer. On suit la trajectoire jusqu'à l'impact et, de là uniquement, on peut tenter d'orienter la balle en direction de la deuxième cible. Et, de là à nouveau, s'attaquer aux autres. Éliminer avec succès toutes les cibles du terrain conduit au niveau suivant. Rater n'en serait-ce qu'une, c'est «Essaye encore».

On tire en quelque sorte une balle magique, chaque impact marquant une pause, avec pour objectif d'éliminer toutes les cibles les unes après les autres, et cela, en un seul coup.

Jeu de ricochet balistique, «Children of the Sun» s'emploie bien sûr à complexifier les puzzles, soit en augmentant le nombre de cibles à atteindre en un seul coup et à multiplier les obstacles, soit en introduisant de nouvelles règles, par exemple en permettant au joueur de modifier légèrement la trajectoire de la balle pendant le tir.

Le temps pour accomplir la mission et le nombre d'essais, puis le style, sont récompensés ou sanctionnés.

Parti pour négliger ce titre qu'on a commencé par classer — non sans préjugés — dans la catégorie «jeu conceptuel à portée limitée», «Children of the Sun» s'est révélé diabolique dans l'agencement de son gameplay, dans sa construction et par sa finition. Découvrir ses niveaux de complexités croissantes ne fut pas toujours une promenade de santé, mais fut la source d'une grande satisfaction ludique.