Bande dessinéeTom Tirabosco réinvite l'homme sur Terre
Le nouvel album de l'hôte d'honneur de BDFIL sort une fable écologique haute en couleurs et en douceur.
- par
- Michel Pralong
Tom Tirabsoco est un éco-anxieux. Rien ne le terrifie plus que de voir des espèces disparaître irrémédiablement de notre biodiversité, bouleversant l'équilibre de la planète. Mais si c'était l'humain qui n'était plus sur cette Terre, que deviendrait-elle? C'est ce qu'il imagine dans son nouvel album, «Terra Animalia», qui sort en avant-première pour BDFIL, dont il est l'invité d'honneur cette année. Mais le Genevois va plus loin, il fait revenir l'homme sur Terre, après l'avoir quittée pour de lointaines planètes depuis longtemps. Comment notre maison mère va-t-elle accueillir son ancien locataire?
«Je me suis aperçu que ce que j'aimais le plus dessiner, ce sont les animaux, nous confie Tom Tirabosco, rencontré à BDFIL. Petit, je dessinais des dinosaures, des baleines, mais jamais dans mes albums, ils n'ont été les personnages principaux. Je voulais que ce soit le cas.»
Ami depuis une vingtaine d'années avec l'auteur Genevois Patrick Mallet («Les plombs de Venise», «Achab»), les deux hommes voulaient collaborer depuis longtemps. «Patrick, c'est un grand lecteur de littérature, de fantastique, notamment du «Seigneur des anneaux». Nous voulions donc raconter une fable, qui soit grand public, sans donner de leçon, mais qui soit provocante.»
La Terre a un antidote à l'homme
Car revenu sur Terre, l'homme, qui a perdu tous ses poils et est devenu un être dépendant totalement de la technologie, n'est pas le bienvenu. La planète s'est créée des gardiens, des lianes qui absorbent l'un des trois scientifiques de cette mission de reconnaissance, décédé dans l'atterrissage. L'homme est composté, car la Terre a développé un antidote à l'humain. Mais le couple survivant va trouver un allié en la personne d'une jeune lycaonne, rejetée par les siens pour avoir approché ces humains de trop près.
«J'ai choisi le lycaon, car c'est un animal très social et qu'il tient du chien. Qui d'autre que le meilleur ami de l'homme pouvait voler à son secours? Et graphiquement, il a les oreilles de Mickey, ce qui le rend sympathique. Je voulais me réapproprier le tableau de Friedrich de «L'homme contemplant la mer de brume». La lycaonne le remplace et ce qu'elle voit depuis sa falaise, c'est l'arrivée de la soucoupe, le retour de l'homme sur Terre. Comme il est arrivé, perdant sa technologie, l'homme n'est pas adapté à son environnement. D'ailleurs, un tigre, c'est un être parfait, à l'aise dans son milieu. L'Homo sapiens ne l'est pas. Avec son cerveau, il ne s'est pas adapté à la nature, il l'a adaptée à lui.»
Dans «Terra Animalia», l'inverse va se produire. Le métabolisme du couple va puiser dans ses origines simiesques, les poils et une queue poussant. «Aujourd'hui, on parle beaucoup de l'homme augmenté, qui vit de plus en plus dans un monde virtuel. Je voulais une sorte d'homme diminué, qui retrouve son animalité et soit enfin en accord avec la nature.»
Cette fable écologique, pleine de douceur, hors de question de la faire en noir et blanc comme de précédents albums de Tirabosco. «Terra Animalia», c'est la fête à la couleur, j'y suis allé à fond dans les roses».
Réédition de «L'œil de la forêt»
Tom profite de cette sortie en avant-première et de chaque moment passé à BDFIL, où il est présent les deux week-ends. «Certains ont dit qu'il était enfin temps que je sois invité d'honneur dans un festival suisse, je ne trouve pas. Il n'y avait pas d'oubli à rattraper. Je suis extrêmement honoré de ce beau cadeau et je goûte chaque instant.» Les fans du dessinateur genevois pourront également trouver une magnifique réédition de «L'œil de la forêt», l'un des albums préférés de Tirabosco, paru chez Casterman en 2003 et épuisé depuis.
Le dessinateur d'Undertaker en dédicace
Du beau monde pour ce 2ᵉ week-end, du 26 au 28 avril en dédicaces à BDFIL. Il y aura notamment Ralph Meyer, le dessinateur du western «Undertaker», Nine Antico, Claire Bouilhac, Brecht Evens, Marion Montaigne, Thomas Ott ou encore Jean-Louis Mourier, dessinateur de «Trolls de Troye», présent avec son coloriste Claude Guth.