La Suisse doit-elle expulser aussi ses migrants au Rwanda?

Le Parlement britannique a créé la sensation mardi en adoptant une loi appelée «Safety of Rwanda», qui prévoit d'expulser dès cet été les migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni. Ils seront envoyés par avion et réinstallés dans des camps de transit dans ce pays africain. Sans aucune possibilité de retour, c'est un peu un transit vers nulle part.

Rishi Sunak et son gouvernement conservateur comptent renvoyer quelque 52'000 migrants par ce biais. La première question qui vient à l'esprit: pourquoi le Rwanda? Ce n'est pas pour la beauté de ses collines, mais une question d'argent. Le gouvernement de Kigali, dirigé d'une main de fer par Paul Kagamé, aurait négocié quelque 400 millions de francs sur cinq ans, pour servir de geôlier africain aux Britanniques.

La décision britannique est si brutale, qu'elle fascine jusque dans les rangs de l'UDC suisse. Mais pas seulement. Au mois de mars, le Conseil des États a approuvé par 26 voix contre 16 une motion de Petra Gössi (PLR/SZ), qui veut que la Confédération se débarrasse des demandeurs d'asile érythréens via un pays de transit. En théorie, c'est bien joli, mais quel pays voudrait accueillir aujourd'hui ces Érythréens, qui se battent entre eux? Et si oui, à quel prix?

Dans ce système de renvoi, tout est une question d'argent. Le migrant retrouve un statut proche de celui de l'esclavage, où il est vendu à un autre pays, qui, en échange, devrait s'occuper de lui. Mais une fois déporté, il n'aura guère de garanties. Dans quelle mesure les habitants du Rwanda, qui ont connu le terrible génocide contre les Tutsis, accepteront-ils d'accueillir les migrants d'autres pays d'Afrique ou d'ailleurs avec lesquels ils n'ont guère d'affinités?

Quel sort attend ces malheureux migrants? Apparemment, cela ne trouble pas les consciences des conservateurs britanniques, qui disent simplement vouloir dissuader les bateaux de fortune d'emprunter la Manche. Heureusement que la Suisse n'est pas atteignable par la mer!