Votations fédérales du 9 juinTout savoir sur la nouvelle loi sur les énergies renouvelables
Le projet qui a largement passé la rampe au Parlement est contesté par les défenseurs du paysage et l'UDC.
- par
- Eric Felley
La réforme de la loi sur l'approvisionnement en électricité a été élaborée au Parlement dans un contexte particulier. Elle veut répondre à deux préoccupations. D'une part, la guerre en Ukraine et le défaut du gaz russe obligent la Suisse à garantir son approvisionnement en électricité, particulièrement en hiver. D'autre part, la promotion des énergies renouvelables doit progresser face aux changements climatiques et aux réductions des émissions de gaz à effets de serre.
La loi a été largement soutenue au Parlement en septembre dernier. Le Conseil national l'a plébiscitée par 177 oui contre 19 non, le Conseil des États à l'unanimité. Les Verts, mais aussi les grandes organisations de protection de la nature comme le WWF et Pro Natura se sont rangés derrière cette loi.
Fondation Franz Weber contre
Malgré tout, elle a été attaquée en référendum par les milieux de défense du paysage et de la nature, qui craignent que le remède ne soit pire que le mal pour l'environnement. C'est la Fondation Franz Weber qui mène la contestation sur ce front avec l'association Paysage Libre Suisse. Pour sa présidente, Vera Weber:«C'est une loi bâclée, faite dans la peur-panique d'un blackout et qui met simplement la production des énergies renouvelables avant la nature. Or, ce n'est pas possible de détruire la nature sur l'autel de l'énergie et de l'électricité».
Albert Rösti désavoué
Au Parlement, la majorité des élus de l'UDC avait voté en faveur de la loi proposée par leur conseiller fédéral Albert Rösti. Mais le vent a tourné du côté de l'UDC. Lors de l'Assemblée générale du 23 mars, les délégués ont désavoué leur représentant bernois par 242 non contre 149 oui. «Je ne veux pas endommager mon beau paysage pour la production d’un courant qui sera utilisé par la ville de Zurich, qui n’en produit aucun et qui vote à gauche», lançait un délégué du canton de Zurich, cité par «Le Temps».
Albert Rösti confiant
Mais cela ne va pas décourager Albert Rösti, qui a décidé de mettre toute son énergie dans cette campagne. «A Zurich et dans les Grisons, on a fait peur aux gens en sortant tous les projets de parcs solaires et éoliens qui s’y trouvent. Ce résultat ne changera rien à ma campagne et je pense pouvoir convaincre les citoyens que cette loi permettra une hausse de la production électrique en Suisse et une protection de nos paysages, car elle concentre les grands projets à des endroits précis, plutôt que de les disséminer dans tout le pays».
Une fois n'est pas coutume, Albert Rösti se retrouve dans le même camp que les Verts Suisse: «La loi sur les énergies renouvelables amène des progrès indispensables pour le tournant énergétique, écrivent les écologistes et ouvre ainsi la voie à un système énergétique climatiquement neutre. (...) Cela renforce la sécurité de notre approvisionnement et réduit notre dangereuse dépendance au pétrole, au gaz et au nucléaire. La loi sur les énergies renouvelables garantit ainsi la sortie progressive du nucléaire décidée par le peuple».
Pour l'instant, le premier sondage Tamedia/20 MInutes donne raison aux partisans de la loi. 65% de la population y serait favorable, 28% contre et 7% encore sans avis.
Une écologie contre la nature
Philippe Roch, membre du conseil de la Fondation Franz Weber, ancien directeur de l’Office fédéral de l’environnement, se bat contre: «On ne peut pas faire de la bonne écologie contre la nature. Or, c’est ce que fait cette réforme. Elle démantèle toute la protection de la nature, une avancée qui a déjà été très difficile à obtenir». Une fois n'est pas coutume, l'ancien chef du WWF Suisse se retrouve sur la même ligne que le chef de groupe de l'UDC aux Chambres fédérales, Thomas Aeschi (UDC/ZG) pour qui: «Notre beau paysage serait ainsi massivement défiguré par la construction à grande échelle d'éoliennes et de parcs solaires, et ce, pour une électricité incertaine et coûteuse».
Des votations toujours possibles
Il est vrai que la loi prévoit un statut spécial pour les projets considérés comme« installations énergétiques d'intérêt national » en vue de booster la production helvétique par pallier en 2035 et 2050. Dans son message, le Conseil fédéral se veut rassurant: «La production d’électricité solaire sera développée avant tout sur les bâtiments. Dans les régions qui s’y prêtent, des conditions de planification facilitées seront prévues pour les éoliennes et les grandes installations solaires d’une importance particulière pour l’approvisionnement en hiver. Il en ira de même pour seize centrales hydroélectriques, qui sont mentionnées dans la loi.»
«Ces conditions de planification facilitées augmentent les chances qu’un projet aboutisse même en cas de recours. Les votations sur les nouveaux projets énergétiques resteront possibles.»