FranceUne fronde venue de Suisse s’attaque au patron de TotalEnergies
Menés par la fondation Ethos, des actionnaires veulent la fin du cumul des fonctions de Patrick Pouyanné.
Des actionnaires de TotalEnergies ont annoncé jeudi avoir déposé une résolution afin de séparer les fonctions de directeur général et de président du conseil d’administration, que cumule le PDG Patrick Pouyanné, jugeant notamment la stratégie climatique du groupe «insuffisante».
Les membres de cette coalition d’actionnaires espèrent ainsi une meilleure gouvernance et des engagements environnementaux plus ambitieux de la part du géant français de l’énergie.
Cette résolution destinée à une Assemblée générale le 24 mai a été déposée par la fondation Ethos, qui représente des caisses de retraites en Suisse et une coalition de 19 investisseurs internationaux, coordonnés par l’organisation française Forum pour l’investissement responsable (FIR). On y trouve notamment Achmea Investment management (Pays-Bas, 218 milliards d’euros d’actifs sous gestion), Candriam (Belgique, 144 milliards) ou AP7 (Suède, 102,4 milliards).
Tous ensemble, ils représentent plus d’un milliard d’euros d’actions, soit 0,62% de la capitalisation boursière totale de TotalEnergies de 162 milliards.
Leur résolution «invite le conseil d’administration de TotalEnergies à mettre fin au cumul des fonctions de président et directeur général» de Patrick Pouyanné, le président directeur général du groupe français, qui devrait être reconduit pour un quatrième mandat lors de cette assemblée générale.
«Meilleure gouvernance»
Les actionnaires assurent que leur résolution «ne vise pas à remettre en question le rôle de M. Pouyanné en tant que directeur général mais à introduire une meilleure gouvernance».
Selon eux, «la concentration des pouvoirs aux mains d’une seule et même personne représente en effet un risque intrinsèque de conflits d’intérêts, dans la mesure où le rôle du conseil d’administration est de s’assurer que la direction générale de l’entreprise est exercée dans l’intérêt des actionnaires et de toutes les parties prenantes».
Les signataires, inquiets de la «stratégie climatique insuffisante» de TotalEnergies et de leurs «difficultés» à «faire entendre leur voix» à ce sujet, estiment que «la dissociation des rôles pourrait améliorer le dialogue avec le conseil d’administration sur les enjeux climatiques et de transition».
Réduction des émissions de CO2
Au cours des dernières assemblées générales, plusieurs coalitions d’investisseurs ont déposé des résolutions pour demander à TotalEnergies de prendre des engagements de réduction de ses émissions de CO2 ou de préciser sa politique climatique.
Toutes ont été rejetées, et celle déposée en 2022 n’a pas été inscrite à l’ordre du jour de l’AG par TotalEnergies – suscitant la polémique -, mais la résolution déposée par l’organisation d’actionnaires activistes Follow This en 2023 avait tout de même recueilli 30,4% des votes.