FranceGabriel Attal: un discours pour ses 100 jours à Matignon
Le Premier ministre prononcera son discours ce jeudi à Viry-Châtillon, dans la banlieue sud de Paris.
Pour son centième jour à Matignon, le Premier ministre français Gabriel Attal prononcera un «discours sur l’autorité au cœur de la République» jeudi à Viry-Châtillon, dans la banlieue sud de Paris, une ville marquée par la mort d’un adolescent de 15 ans, passé à tabac près de son collège.
Dans cette affaire qui a suscité une vive émotion en France, quatre jeunes hommes, trois mineurs et un majeur, ont été mis en examen pour assassinat. Ils ont tous été placés en détention provisoire.
M. Attal, qui sera accompagné notamment des ministres de l’Education Nicole Belloubet et de la Justice Éric Dupond-Moretti échangera auparavant avec les équipes et les bénéficiaires de la Maison des jeunes et de la culture de Viry, selon Matignon.
Un peu plus de trois mois après sa nomination, l’ancien ministre de l’Éducation entend s’inscrire dans le droit fil de sa déclaration de politique générale.
Il était alors revenu sur les émeutes urbaines qui avaient embrasé le pays au début de l’été 2023 après la mort d’un jeune homme, tué par un policier en région parisienne lors d’un contrôle routier.
Alors que «les violences de juillet dernier ont profondément marqué notre pays», avec parmi les émeutiers «des jeunes, très jeunes parfois, qui semblaient avoir déjà coupé les ponts avec notre société», «nous devons faire respecter l’autorité partout: dans les classes, dans les familles, dans les rues», expliquait-il le 30 janvier devant l’Assemblée nationale.
Avant de lancer son mot d’ordre «tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies, tu défies l’autorité, on t’apprend à la respecter».
En Conseil des ministres mercredi, Emmanuel Macron a demandé à son gouvernement de se lancer dans une grande concertation pour trouver des solutions au «surgissement de l’ultraviolence», en particulier parmi les plus jeunes. Charge au Premier ministre de lancer cette concertation, avec les groupes parlementaires et différents acteurs, avec l’objectif d’aboutir à un projet de loi avant l’été.
Décisions difficiles et radicales
Jeudi soir, le Premier ministre sera ensuite longuement interviewé sur la chaîne de télévision BFMTV, toujours pour marquer ses 100 jours à la tête du gouvernement.
Comme il l’a expliqué lors de son récent déplacement au Canada, M. Attal devrait rappeler sa méthode: faire preuve de «lucidité» et même «reconnaître» ce qui a fonctionné ou pas depuis 2017 puis «prendre des décisions» potentiellement «difficiles et radicales» et «surtout les mettre en œuvre».
Appelé à succéder à Élisabeth Borne le 9 janvier, le plus jeune chef de gouvernement de la Ve République a déjà connu plusieurs épreuves, à commencer par la crise des agriculteurs, pas encore totalement résolue en dépit de concessions inédites du gouvernement qui ont suscité en retour la colère des organisations écologistes.
La dégradation de la situation budgétaire, avec une première salve de dix milliards d’euros d’économies et un exercice à renouveler avant l’été, promet également de tendre le débat politique, y compris au sein de la majorité. Quant à la droite, elle menace le gouvernement d’une motion de censure sur ce dossier.
Gabriel Attal entend néanmoins poursuivre ses projets de réforme, tout à sa priorité accordée au «travail» et aux «classes moyennes», en projetant notamment de durcir à nouveau les conditions d’indemnisation du chômage.
Dans ce contexte, et à moins de deux mois des élections européennes du 9 juin, la liste du camp présidentiel conduite par Valérie Hayer continue d’être distancée dans les sondages par l’extrême droite. Elle voit même son avance se réduire fortement avec la liste PS-Place Publique conduite par Raphaël Glucksmann.
Gabriel Attal, présenté dans son camp comme une «arme anti-Bardella» doit-il s’impliquer davantage ? Difficile quand l’idée reste de faire «une campagne européenne, pas un référendum pour ou contre la politique du gouvernement», expliquait récemment une source au sein de l’exécutif.