Pour l'UDC, il y a trop d'orateurs de gauche au 1er août sur le Grütli

Ce n'est pas souvent que le chef du groupe UDC des Chambres fédérales, Thomas Aeschi (UDC/ZG), parvient à remporter une victoire personnelle au Conseil national. Eh bien, cela a été le cas lundi. L'UDC, le PLR et la moitié du Centre ont accepté une motion du Zougois pour que la Confédération, propriétaire du Grütli, «administre elle-même celui-ci, et décide notamment elle-même des orateurs admis à s'y exprimer le 1er août».

Depuis 1860, c'est la Société suisse d'utilité publique (SSUP), qui gère ce site historique, dont le terrain appartient effectivement à la Confédération. Cette société à but non lucratif organise notamment les festivités du 1er août. Thomas Aeschi a dressé une liste des derniers orateurs, souvent des oratrices: «Malheureusement, relève-t-il dans sa motion, ces dernières années, la SSUP s'est orientée de plus en plus vers la gauche, comme le montre la sélection des orateurs pour les discours officiels du 1er août au Grütli».

Dans les faits, Simonetta Sommaruga a pris la parole les 1er août 2015, 2016 et 2021, Carla Del Ponte le 1er août 2017, Eveline Widmer-Schlumpf le 1er août 2018, Alain Berset le 1er août 2020 et Elisabeth Baume-Schneider le 1er août 2023. Toutes ne sont pas socialistes, mais on ne voit aucun PLR et pas davantage d'UDC. Thomas Aeschi demande donc dans sa motion que la Confédération résilie dans les plus brefs délais sa convention de 2010 avec la SSUP, présidée encore pour quelques mois par Nicola Forster, coprésident des vert’libéraux zurichois.

Karin Keller-Sutter lui a répondu que le Grutli «appartenait à tout le monde» et que «La résiliation de la convention de droit public du 17 février 2010 entre la Confédération et la SSUP ne répondait pas à la principale requête de l’auteur de la motion, qui demande que la Confédération suisse administre elle-même celui-ci. Le Conseil fédéral ne peut donner de directives à la SSUP à cet égard».

Mais Karin Keller-Sutter a donné un scoop pour montrer que les élus bourgeois sont les bienvenus au Grütli: «Je peux vous dire que j'ai été invitée à être l'oratrice du 1er août cette année, mais que je n'y serai pas, car je le fêterai à l'étranger avec les Suisses de l'étranger. À ma connaissance, le conseiller fédéral Rösti a été également invité. Je ne sais pas s'il a accepté ou non. Il y a donc une légère évolution ici...»

Elle a conclu qu'il serait plus judicieux de continuer à dialoguer avec cette association suisse «autour d'un café», que d'accepter la motion. Mais elle n'a pas été entendue. Le Conseil des États doit dorénavant se prononcer.