Conseil nationalLes dents ne font toujours pas partie de la santé en Suisse
Le Conseil national a refusé une proposition des Verts.
- par
- Eric Felley
Essayé pas pu. La conseillère nationale Léonore Porchet (V/VD) a mis tout son cœur dans la bataille pour défendre lundi une initiative parlementaire de sa collègue Katharina Preslicz-Huber (V/ZH), qui demande une prise en charge par l'assurance maladie des soins dentaires découlant d'une maladie liée aux dents et des soins préventifs afin d'éviter des lésions.
«Les conséquences d'une non-prise en charge de maladies ou de lésions des dents ou de la cavité buccale sont gravissimes, a défendu la Vaudoise. Ces maladies et lésions peuvent même être fatales, puisque des bactéries risquent de se propager et de créer des pneumonies, des crises cardiaques et des attaques cérébrales. (...) Ces douleurs sont inacceptables alors qu'elles pourraient être évitées avec de bons soins et de bons soins préventifs. Ces maladies et lésions coûtent également. Elles ont donc des conséquences sur la santé publique».
Pas que l'hygiène buccale
20% des gens en Suisse renoncent à se soigner les dents, a-t-elle regretté. Certes, il existe une assurance privée, qui coûte de 100 à 120 francs, mais elle est «très chère». Pour Léonore Porchet, certaines personnes ont de bonnes dents et d'autres de mauvaises. Elle a nuancé le critère de «bonne hygiène buccale», défendu par l'OFSP, pour qui il suffit de limiter le sucre, de se brosser les dents, d'utiliser un fil dentaire, du dentifrice et de procéder à un contrôle régulier. Tout le monde n'est pas logé à la même enseigne. Nos dents mériteraient d'être enfin prises au sérieux dans le cadre d'une prise en charge solidaire des frais de santé.
Nos dents vont mieux qu'il y a 50 ans!
Mais la droite n'en veut pas. Au nom de la majorité de la commission, Martina Bricher (UDC/AG) a rétorqué qu'il était exclu d'étendre le catalogue des prestations de l'assurance maladie obligatoire: «La majorité craint une augmentation des coûts qui en résulterait au détriment de l'assurance de base et donc une hausse des primes d'assurance maladie».
Par ailleurs, la majorité de la commission estime qu'il n'y a «aucune nécessité d’agir d’un point de vue factuel»: «La santé dentaire de la population suisse s'est considérablement améliorée au cours des cinquante dernières années, a ajouté l'élue de l'UDC, grâce à la prévention et à la responsabilité personnelle en matière d'hygiène dentaire. Les personnes qui ne peuvent pas payer les soins nécessaires en raison de leur situation économique personnelle ont également droit à une aide au cas par cas, que ce soit par le biais de l'aide sociale ou de prestations complémentaires».
Au vote, seuls les Verts et les socialistes ont soutenu l'initiative qui a coulé par 123 voix contre 62.