Les horlogers suisses se lancent à l’assaut de l’Inde

Publié

RemontésLes horlogers suisses se lancent à l’assaut de l’Inde

Ils espèrent pouvoir profiter d'un récent accord de libre-échange qui va progressivement leur ouvrir cet immense marché réputé difficile.

Les horlogers suisses se lancent à l’assaut de l’Inde, mais en ordre dispersé.

Les horlogers suisses se lancent à l’assaut de l’Inde, mais en ordre dispersé.

AFP

Les horlogers suisses se lancent à l’assaut de l’Inde en ordre dispersé, après un récent accord de libre-échange qui va progressivement leur ouvrir cet immense marché réputé difficile.

Si certaines marques sont dans les starting-blocks, d’autres se laissent encore un peu de temps en attendant de voir si l’Inde va devenir ou non un nouvel Eldorado.

«L’Inde représente un énorme potentiel», a déclaré à l’AFP Yves Bugmann, le nouveau président de la fédération horlogère, lors du salon horloger de Genève qui a refermé ses portes lundi soir.

Malgré ses 1,4 milliard d’habitants, l’Inde ne se classait qu’à la 22ème place dans les exportations horlogères suisses en 2023, juste devant l’Autriche, rappelle M. Bugmann.

La valeur des exportations s’y limitait à 218,8 millions de francs suisses (224,8 millions d’euros), loin derrière la Chine (2,7 milliards de francs) et les Etats-Unis (4,1 milliards de francs).

Les taxes élevées ont longtemps découragé les marques horlogères, en particulier les plus onéreuses.

Si leur calcul est compliqué, elles incluent des droits de douanes aux environs de 20% pour les montres, une taxe sur les biens et services de 18% et une surtaxe supplémentaire.

Après 16 ans de négociations, l’Association européenne de libre-échange – qui regroupe quatre pays dont la Suisse – a toutefois signé un accord de libre-échange début mars qui va réduire «progressivement les droits de douanes sur une durée de sept ans», explique M. Bugmann.

«C’est un marché extrêmement intéressant, mais est-ce que cela sera le nouvel El Dorado de l’industrie horlogère? Nous le savons pas encore», reconnaît-il.

Etre le premier

Dans une étude publiée mi-octobre, le cabinet d’audit Deloitte estimait que les exportations des horlogers suisses vers l’Inde pourraient dépasser 400 millions de francs d’ici 2028.

Et le pays pourrait se hisser dans «le top 10» de leurs marchés d’ici une décennie grâce à ses grosses fortunes et sa classe moyenne grandissante.

Et depuis cet accord, «on sent un crépitement», a confié à l’AFP Karine Szegedi, l’autrice de ce rapport, durant le salon horloger.

«Sept ans, c’est déjà demain», estime Edouard Meylan, le patron de H. Moser, une petite marque en forte expansion, pour qui il faut se préparer dès maintenant.

«On sent un énorme appétit» et «il faut être le premier pour s’imposer», affirme le patron de cette marque dont le prix moyen tourne autour de 40.000 francs. Il s’est déjà allié un distributeur local en espérant ouvrir une boutique à New Dehli cette année, «avant Diwali», la fête hindoue qui se tient cette année fin octobre à début novembre.

Selon Thierry Stern, le président de Patek Philippe, «l’Inde sera certainement une musique d’avenir».

«Mais cela intéressera surtout les marques qui produisent de grosses quantités», a-t-il déclaré à l’AFP.

Patek Philippe – dont les prix peuvent atteindre plusieurs millions de francs dans les salles d’enchères – ne fabrique que 72.000 montres par an, une petite quantité pour une grande marque, qui se traduit par de longues listes d’attente.

«Je n’en ai déjà pas assez», explique M. Stern, alors «aujourd’hui pour Patek Philippe, il serait quasiment impossible d’ouvrir en Inde».

«Mais la clientèle de Patek Philippe voyage beaucoup», ajoute-t-il, de nombreux clients indiens venant déjà faire leurs achats à Genève ou à Londres.

La marque genevoise Raymond Weil, déjà présente de longue date en Inde, se félicite, elle, de cet accord qui va faciliter ses affaires.

«Mon grand-père affectionnait particulièrement ce marché et s’y était développé dès les années 1980», ce qui a permis d’acquérir «une jolie notoriété» sur ce marché qui représente aujourd’hui 5% de son chiffre d’affaires, quantifie Elie Bernheim, qui représente la troisième génération aux commandes de cette entreprise familiale.

«Je crois beaucoup à ce marché», ajoute le patron de Raymond Weil, qui présentait au salon Watches and Wonders un chronographe à 3.500 francs. Et avec sa longueur d’avance, la marque ne craint pas de voir arriver de nouveaux concurrents, tant ce marché est vaste.

(afp)

Ton opinion

2 commentaires