Guerre en UkraineLa situation sur le front Est s’est «considérablement détériorée»
Le commandant en chef ukrainien a constaté une «intensification» de l’offensive de l’armée russe, qui pousse notamment en direction de Tchassiv Iar.
«La situation sur le front Est s’est considérablement détériorée ces derniers jours. Ceci est principalement dû à une intensification significative de l’offensive de l’ennemi après l’élection présidentielle en Russie», qui a eu lieu à la mi-mars, a écrit Oleksandre Syrsky, commandant en chef ukrainien, sur Telegram.
L’armée russe attaque les positions ukrainiennes dans les secteurs de Lyman et de Bakhmout «avec des groupes d’assaut soutenus par des véhicules blindés», ainsi que dans celui de Pokrovsk, a-t-il dit. «Cela est rendu possible par le temps chaud et sec, qui a rendu la plupart des aires ouvertes accessibles aux tanks», a expliqué Oleksandre Syrsky.
Malgré les pertes, l’armée russe déploie «de nouvelles unités blindées», ce qui lui permet d’engranger des «succès tactiques». Les Russes ont intensifié leur pression autour de Tchassiv Iar ces derniers jours, cette localité clé de l’Est se trouvant désormais «sous un feu constant», selon Kiev.
L'aide s'épuise
Cette cité, perchée sur une hauteur, s’étend à moins de 30 kilomètres au sud-est de Kramatorsk, la principale ville de la région sous contrôle ukrainien et important nœud ferroviaire et logistique pour l’armée ukrainienne. S’en emparer offrirait aux soldats russes une chance d’avancer dans la région.
Cette offensive se produit à un moment très délicat pour les troupes ukrainiennes, qui peinent à recruter de nouvelles recrues face à un adversaire aux unités mieux garnies et armées.
Kiev réclame depuis des mois à ses alliés occidentaux davantage de munitions et de systèmes de défense aérienne. Mais l’aide s’épuise en raison de blocages politiques à Washington, ce qui contraint les soldats ukrainiens à économiser leurs munitions.
Oleksandre Syrsky a affirmé que les zones «les plus problématiques» avaient été renforcées, notamment avec des moyens de défense antiaérienne. «La question de la supériorité technique sur l’ennemi dans le domaine des armes de haute technologie se pose à nouveau», a-t-il dit. «Ce n’est que comme cela que nous pourrons battre un ennemi plus grand», a ajouté le commandant ukrainien, jugeant qu’il fallait aussi «améliorer la qualité de la formation du personnel militaire».
Mobilisation
Le parlement ukrainien a approuvé jeudi une loi controversée pour mobiliser plus d’hommes face aux assauts de la Russie, après des mois de débats houleux. Ce texte, qui accroît notamment les sanctions contre les réfractaires, a fait scandale en raison de la suppression à la dernière minute d’une clause prévoyant la démobilisation des soldats ayant servi 36 mois, un coup dur pour les militaires présents sur le front depuis plus de deux ans.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a récemment averti que son pays perdrait la guerre si l’aide américaine attendue de 60 milliards de dollars restait bloquée au Congrès. L’avenir de ce programme d’assistance militaire est fragilisé par des divisions entre démocrates et républicains, alors que se profile la présidentielle en novembre prochain.
«Sans le soutien du Congrès, il nous sera difficile de gagner, voire de survivre» en tant que pays, a insisté Volodymyr Zelensky dimanche. Et «si l’Ukraine perd la guerre, d’autres Etats seront attaqués», a-t-il encore mis en garde.