Xamax a fait plaisir à son public

A quoi peut bien ressembler un match de Challenge League normal sinon banal, sans autre enjeu que celui, surtout symbolique, de la troisième place sur le podium? Voilà à quoi ont peut-être pu penser les quelque 4000 spectateurs ayant pris ce vendredi soir le chemin de la Maladière. En cas de succès contre Aarau, Xamax, restant sur une deuxième période abominable à la Stockhorn Arena qui l’avait vu craquer et encaisser quatre buts contre Thoune (4-0), avait l’opportunité de dépasser son hôte, au moins jusqu’au rendez-vous dominical entre Wil et Nyon.

Et c’est exactement ce qui devait se produire, les Neuchâtelois trouvant les forces pour se faire pardonner leur lourde défaite du week-end passé en s’installant sur la troisième marche du podium. Emmené par un Del Toro intenable qui aurait mérité de ponctuer son festival par une seconde réussite avant d’être remplacé de manière assez incompréhensible par son entraîneur, Xamax a confirmé au besoin qu’il traversait une excellente passe à domicile comme en témoignent les dix points engrangés lors de ses quatre dernières sorties devant son public (3 victoires et 1 nul).

Une fin de saison, c’est en même temps l’occasion de se projeter sur la suivante. Parce que c’est le moment où l’on sait déjà quels contrats ne seront pas reconduits - l’occasion aussi d’offrir du temps de jeu à ceux qui en ont moins eu et, pour d’autres, de se mettre encore en vitrine afin de susciter l’intérêt d’un autre employeur. Ainsi Forte avait-il procédé à cinq changements au coup d’envoi par rapport à l’équipe alignée six jours plus tôt dans l’Oberland, laissant notamment sa triplette d’attaquants - Rapp, Bakayoko, Hautier - sur le banc.

Dans un match où les visiteurs n’ont pas adressé le moindre tir cadré hormis celui entraînant la réduction du score signée Gjorgjev (61e), Xamax a très copieusement dominé un très faible Aarau au cours d’une première période à sens unique déjà. Chez ses joueurs, on sentait l’évidente volonté de séduire sans pour autant parvenir à emballer la partie dans un premier temps, faute de se créer à ce moment-là de vraies occasions hormis une frappe d’Aliu contrée par Jäckle (31e). Alors que l’animation venait davantage des gradins, les deux kops se répondant par chants interposés, que de ce qui se passait sur la pelouse, l’ouverture du score allait tomber sur une balle arrêtée: corner d’Aliu et magnifique élévation d’Athekame dont la tête croisée giclait sous la barre malgré la présence d’un défenseur argovien sur la ligne (35e). Aussi efficacement fait que mérité.

Dès la reprise, Xamax renforçait son emprise qu’il parvenait à traduire par deux nouveaux buts inscrits en une poignée de secondes. Sur le premier, Del Toro profitait d’un service d’Athekame pour marquer de façon acrobatique, Hadji ne faisant qu’accompagner le ballon dans les filets alors que l’attaquant avait déjà pénétré à l’intérieur de la cage. Sur le deuxième, Schwizer, lancé en profondeur, n’éprouvait aucune peine pour exploiter une offrande du très inspiré Del Toro.

Il faudra une relance totalement manquée de Winkler pour permettre à l’inévitable Gjorgjev de pimenter quelque peu la fin d’une rencontre que les Neuchâtelois ont malgré tout aisément contrôlée jusqu’à son terme. Alors que ceux-ci enchaînaient les combinaisons audacieuses et les mouvements de classe, Xamax devait même se créer plusieurs occasions de corser l’addition. Avec 16 tentatives, dont 6 cadrées, les protégés d’Uli Forte se sont fait autant plaisir qu’ils en ont donné à leurs supporters. Quand ils évoluent à ce niveau, il est difficile de leur résister. Dommage, sur la longueur d’un championnat, que les «rouge et noir» se montrent aussi inconstants d’un match à l’autre…