«La diabolique de Nancy» est morte à 93 ans

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France«La diabolique de Nancy» est morte à 93 ans

Simone Weber avait été condamnée pour avoir tué son compagnon, puis acquittée pour un second meurtre.

Simone Weber, photographiée en 1987.

Simone Weber, photographiée en 1987.

AFP

«Un personnage de roman noir»: condamnée malgré ses virulentes dénégations pour le meurtre de son amant, acquittée pour l’empoisonnement de son deuxième époux, Simone Weber, surnommé «la diabolique de Nancy», est décédée jeudi à l’âge de 93 ans.

Elle s’est éteinte dans la matinée à Cannes (Alpes-Maritimes), a indiqué à l’AFP son avocate, Liliane Glock.

Condamnée en 1991 à 20 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de son compagnon Bernard Hettier, elle avait en revanche été acquittée de celui de son deuxième époux, Marcel Fixard. Elle s’était établie sur la Côte d’Azur depuis sa libération, en 1999, au terme de 14 ans de détention.

«Je la savais en retraite, vivant paisiblement dans le midi de la France», dans une «maison de repos», a réagi auprès de l’AFP l’un de ses anciens avocats, François Robinet, qui l’avait défendue devant les assises.

Le conseil nancéien garde le souvenir d’une «cliente particulièrement attachante, qui ne manquait pas de verve pour exprimer une défense ardente et infatigable».

Clamant inlassablement son innocence, Simone Weber avait défrayé la chronique judiciaire dans les années 1980 et 90.

Tronc humain repêché

Bernard Hettier, un ouvrier de l’industrie chimique disparu à l’âge de 55 ans le 22 juin 1985 à Nancy, avait été auparavant harcelé durant des mois par Simone Weber, dont il ne voulait plus entendre parler.

Après des mois de recherches, la police avait retrouvé la voiture du disparu dans un garage de Cannes, loué par Simone Weber sous le faux nom de «Mme Chevallier».

Un tronc humain repêché le 15 septembre 1985 dans la Marne, à Poincy (Seine-et-Marne), avait finalement, après de longues expertises, hésitantes et contradictoires, été attribué au disparu.

Pour l’accusation, Simone Weber avait coupé la tête et les membres de la victime avec une meuleuse à béton, immédiatement après l’avoir tué – dans des circonstances jamais établies – dans son appartement de Nancy.

Ancienne représentante en produits de beauté, entre autres petits boulots, jusqu’alors considérée comme «la bonne dame de Nancy», elle s’était alors illustrée par une vigoureuse défense, notamment face à son juge d’instruction, Gilbert Thiel.

«On ne peut que s’incliner devant le décès d’une personne», a estimé de son côté Gérard Welzer, qui était l’avocat des proches de Bernard Hettier. Même si Simone Weber était à ses yeux un «personnage de roman noir», «criminologiquement exceptionnelle».

«Blanc, c’était noir»

Congédiant un à un ses avocats, elle avait gardé le même aplomb lors d’un épique procès devant la cour d’assises de Meurthe-et-Moselle long de 31 jours.

Elle «niait l’évidence», avec elle, «blanc, c’était noir», soupire Me Welzer, qui se souvient du «culot extraordinaire» mais aussi de la «présence» de Simone Weber dans le box: «on n’aurait pas cru qu’elle était accusée».

Les jurés n’avaient pas retenu la préméditation pour le meurtre de Bernard Hettier.

Ils l’avaient en revanche acquittée de l’empoisonnement de son deuxième époux, Marcel Fixard, 80 ans, rencontré dans une agence matrimoniale et décédé subitement, le 14 mai 1980, à Rosières-aux-Salines (Meurthe-et-Moselle), d’un accident cardiaque, 22 jours après leur mariage.

La cour d’assises avait toutefois retenu sa culpabilité sur deux faux, l’acte de vente de la maison et l’acte de son mariage, célébré non pas en présence de M. Fixard, mais d’un homme de paille.

«Une ignominie impensable»

Endeuillée par la mort d’une de ses filles adolescente et le suicide de l’un de ses fils, «Simone Weber était «infatigable dans sa défense (...) Elle était très déterminée dans ses explications, dans la recherche de la vérité», se remémore Me Robinet.

En 2016, elle s’était indignée de la diffusion d’un téléfilm consacré à son affaire, «une ignominie impensable», dénonçait celle qui expliquait vivre «un assassinat perpétuel» depuis sa condamnation.

«Je suis le contraire de cette femme aux manières ordurières que l’on voit à l’écran», avait-elle protesté, ne se reconnaissant aucune ressemblance physique avec la comédienne Véronique Genest.

En juillet 2002, elle avait également vigoureusement protesté contre la diffusion d’un documentaire sur son affaire: «il n’est plus question qu’on se serve de mon nom et de mon image pour des émissions destinées à faire de l’audimat ou des articles à scandale», avait déclaré à l’AFP Mme Weber, disant ne plus vouloir se faire «massacrer» par les médias.

(afp)

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