InterviewKyle Eastwood: «Mes parents sont deux grands fans de jazz»
Le fils aîné de Clint Eastwood s'est produit mardi sur scène au Cully Jazz Festival. Il s'est confié sur son père, la musique et le cinéma.
- par
- Laurent Flückiger
Il a les traits de son père, Clint Eastwood. Mais lui ne manie pas le Smith & Wesson. C'est la contrebasse (ou la basse), son arme de séduction, avec laquelle il a réalisé dix albums depuis 1998. Kyle Eastwood, 55 ans, était au Cully Jazz Festival, mardi, pour interpréter, en quintet, des compositions issues du répertoire musical des célèbres œuvres du grand Clint, acteur ou réalisateur. L'occasion de s'entretenir avec lui.
Pour commencer: comment va votre père?
Il va bien! Il est en train de terminer un film (ndlr.: «Juror No. 2» sur un procès pour meurtre). Pas mal pour quelqu'un qui va bientôt avoir 94 ans.
Qu'est-ce qui a poussé le jeune Kyle vers la musique?
J'ai grandi dans une maison où il y avait beaucoup de musique, beaucoup de disques. Mes parents sont deux grands fans de jazz. J'ai écouté très tôt Miles Davis, Duke Ellington et surtout des big bands. J'ai commencé par jouer du piano, j'ai aussi joué de la guitare dans le film «Honkytonk Man» (réalisé par son père en 1982) et après ça je me suis mis à la basse juste pour le fun. J'aimais bien la batterie aussi. Peut-être que la basse m'a choisi.
Avez-vous des modèles?
Certainement Ray Brown, Ron Carter, j'adore évidemment Paul Chambers. J'écoute beaucoup de Motown, James Jamerson, Jerry Jemmott, tous ces bassistes de R'n'B. À 17 ans, je me suis mis à faire de la musique de plus en plus sérieusement. À 18 ans, j'ai décidé que je voulais être un musicien professionnel. J'ai réalisé que j'aimais plus ça que le cinéma, même si c'est toujours l'une de mes passions. Et c'est bien de pouvoir être impliqué dans les deux.
Dans votre projet «Eastwood by Eastwood», vous jouez les grandes bandes originales de votre père. Ce sont aussi vos films préférés?
Certains oui. Il y a des choix que j'ai faits surtout parce que la musique était très puissante. Bien sûr, je me devais prendre celle d'Ennio Morricone, parce que c'est tellement iconique. Il y a beaucoup de Lalo Schifrin, aussi. J'ai pris un morceau de John Williams d'un long-métrage qui a d'ailleurs été tourné en partie ici en Suisse dans les années 70, «La Sanction». La bande-originale de ce film est l'une de mes préférées, les images sont magnifiques, mais c'est vrai que certains dialogues sont un peu datés. (Rires.)
Vous avez écrit la musique pour certains films de votre père. Comment se passe la collaboration dans ces moments?
Parfois, mon père joue au piano une mélodie qu'il a trouvée et je m'en sers comme base pour la musique ou ça devient juste un morceau. C'est ce qui s'est passé avec «Gran Torino». J'ai ajouté des cordes à son idée et en ai fait une chanson, puis Jamie Cullum a lu une copie du scénario et cinq à six jours plus tard, il avait écrit les paroles et posé sa voix.
Avez-vous envie de faire de la musique pour d'autres cinéastes que votre père?
Bien sûr! Je n'ai encore rien de prévu pour l'instant, car on se produit encore cette année en quintet et avec un orchestre symphonique. J'ai déjà composé de la musique pour des documentaires, je l'ai fait aussi pour deux films qu'a réalisés ma sœur Alison.
Votre fille, Graylen, est elle aussi dans le cinéma et fait de la musique. Dans la famille Eastwood, on ne peut être qu'artiste, on a ça dans le sang...
On dirait bien! (Rires.)
Encore quatre soirs de fête
Le Cully Jazz Festival se poursuit jusqu'à samedi sur les bords du Léman. Parmi les concerts à voir, on retient, vendredi au Chapiteau, Black Lives, mené par le bassiste Reggie Washington. Formé avec la volonté de lutter contre le racisme, le collectif fera vivre l’héritage des communautés afro-descendantes avec Catherine Russell et Raul Midón en invités. À ne pas manquer non plus, samedi, au Next Step, La Chica & El Duende Orchestra. Elle est au chant, lui au piano. Ensemble et avec dix instrumentistes, ils pimentent le son traditionnel de l'Amérique latine sur une scénographie envoûtante. Bien sûr, il y a également tout le programme off, les caveaux, le coup de blanc et le débarcadère. Toutes les infos sur cullyjazz.ch.