Inondations majeuresLa montée des eaux se poursuit en Russie
Les autorités s'attendent à un nouveau pic mercredi.
L’eau montait encore mardi en Russie et au Kazakhstan, frappés par des inondations majeures notamment le long du fleuve Oural, ont annoncé les autorités qui s’attendent à un nouveau pic mercredi.
Ces crues sont causées par de fortes pluies associées à une hausse des températures, à la fonte accrue des neiges et à la débâcle des glaces hivernales recouvrant rivières et fleuves.
Aucun lien n’a été établi avec le changement climatique, mais, selon les scientifiques, le réchauffement de la planète favorise des évènements météorologiques extrêmes comme les fortes précipitations à l’origine d' inondations.
Les présidents russe et kazakh Vladimir Poutine et Kassym-Jomart Tokaïev se sont entretenus au téléphone mardi et se sont «entendus pour donner des injonctions pour activer» le travail de coordination des secours et de prédiction des météorologues, selon le Kremlin.
«Phénomène dangereux» à Orenbourg
La ville d’Orenbourg, qui compte 500'000 habitants, voit l’eau monter et attend un pic mercredi. Mardi, le niveau du fleuve Oural y était de 9 mètres, selon son maire-adjoint Alexeï Koudinov, cité par les agences russes. «Cela deviendra un phénomène dangereux pour Orenbourg à 930 cm», a-t-il ajouté. Lundi, les autorités locales avaient indiqué que le record était de 946 cm en 1942.
Plus à l’est, la région de Kourgan a lancé l’évacuation de plusieurs villages sur la rivière Tobol.
État d'urgence
Au total, ce sont 62 localités et 4400 habitations qui sont dans la zone à risques, selon le ministère russe des Situations d’urgence. Et la région de Tioumen, en Sibérie occidentale, attend elle aussi des niveaux records, et a instauré l’état d’urgence lundi.
La ville la plus touchée jusqu’à ici, Orsk, dans la région d’Orenbourg, a été noyée durant le weekend après qu’une digue y a cédé.
Poutine «pas présent physiquement»
Lundi des manifestations y ont eu lieu, les habitants demandant des comptes aux autorités malgré les menaces du parquet régional contre tout rassemblement illégal, alors que les rassemblements sont strictement encadrés en Russie.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a assuré pour sa part mardi que les populations affectées par les inondations allaient «recevoir toute l’aide nécessaire malgré les conditions difficiles».
Il a cependant reconnu que M. Poutine ne prévoyait pas de se rendre dans les régions concernées par ces crues historiques. «Il n’est pas présent physiquement mais il est présent sur cette thématique en permanence. Il s’occupe de ces questions toute la journée», a défendu M. Peskov.
Manque de préparation dénoncé
L’opposante exilée Ioulia Navalnaïa, veuve du militant anticorruption Alexeï Navalany, qui a dit reprendre le flambeau de son mari mort dans une prison russe en février, a dénoncé le manque de préparation des autorités.
«L’État doit être au service de la population. Les maires, les gouverneurs et le président doivent faire en sorte que le pays soit agréable à vivre. C’est leur seule tâche. Et ce gouvernement ne s’en acquitte pas», a-t-elle dénoncé sur X.
Les autorités russes ont annoncé mardi 6500 évacuations et plus de 10'550 maisons inondées dans des régions russes situées dans l’Oural et en Sibérie.
Au Kazakhstan, depuis deux semaines et «le début des inondations, 860'000 personnes ont été sauvées et évacuées, dont 29'000 enfants», a indiqué mardi dans un communiqué le ministère kazakh des Situations d’urgence.
Ces évacuations ont eu lieu dans l’ouest et le nord de cet immense pays d’Asie centrale frontalier de la Russie.
Le président Kassym-Jomart Tokaïev avait vertement réprimandé les autorités locales pour leur impréparation et qualifié la semaine dernière ces inondations de «catastrophe naturelle peut-être la plus grande, en termes d’ampleur et de conséquences, de ces 80 dernières années».
Au total au Kazakhstan, 23'000 membres des ministères des Situations d’urgence, de l’Intérieur, de la Défense et des services secrets sont impliqués dans les opérations de sauvetage, ainsi que des milliers de volontaires civils, tandis que les chaînes de télévision publiques affichaient un bandeau «Notre force est dans l’unité».