FootballMenace terroriste sur les stades de la Ligue des champions
Le groupe État islamique envisage de mener des attaques contre les enceintes qui accueillent les quarts de finale de la C1 cette semaine. À Paris et Madrid, la sécurité est renforcée.
La sécurité a été renforcée à Paris et Madrid en vue des quarts de finale de Ligue des champions prévus ce mardi et mercredi au Parc des Princes, au stade Santiago Bernabéu ainsi qu’au Cívitas Metropolitano, après des menaces du groupe jihadiste Etat islamique.
«Le préfet de police, avec lequel je me suis entretenu très tôt ce matin (ndlr: mardi), a renforcé considérablement les moyens de sécurité», a déclaré le ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin, évoquant une «menace caractérisée évoquée publiquement par l’Etat islamique». La Direction générale de la sécurité intérieure, le service de renseignement chargé notamment de la lutte contre le terrorisme, «est particulièrement à pied d’œuvre», a-t-il ajouté.
«L’EI a menacé les quarts de finale de la Ligue des champions, pas spécifiquement en France, via une de ses agences de communication qui a notamment diffusé des messages sur les réseaux sociaux», a-t-on précisé à l’AFP de source proche du dossier. Dans un de ces messages, un combattant, masqué et muni d'un fusil d'assaut, pose devant des photos des quatre stades qui vont accueillir les quarts de finale aller. «Tuez-les tous», est-il écrit.
Ces posts «incitatifs» viennent d’al-Azaim, l’organe de l’Etat islamique au Khorassan (EI-K), la branche de l’EI en Afghanistan, qui a revendiqué l’attentat de Kerman en Iran en janvier et est soupçonnée d’être derrière celui de Moscou (144 morts) le 22 mars, a détaillé à l’AFP une experte française de la communication en ligne des groupes jihadistes. Les messages «comptent sur l’enhardissement de la sphère EI à la suite du «coup d’éclat» de l’attentat de Moscou», ajoute cette experte.
Collaboration avec l'Espagne et l'Angleterre
«L’EI a menacé les quarts de finale de la Ligue des champions, pas spécifiquement en France, via une de ses agences de communication qui a notamment diffusé des messages sur les réseaux sociaux», a-t-on précisé à l’AFP de source proche du dossier. Dans un de ces messages, un combattant, masqué et muni d'un fusil d'assaut, pose devant des photos des quatre stades qui vont accueillir les quarts de finale aller. «Tuez-les tous», est-il écrit.
L’UEFA s’est dite «informée» de menaces pesant sur les rencontres, mais a précisé que «tous les matches» auraient lieu, avec des «dispositifs de sécurité adaptés».
À Londres, où se déroule mardi la rencontre Arsenal-Bayern Munich, un dispositif de sécurité «solide» est en place, a assuré la police. En Espagne, les autorités ont également renforcé leur dispositif de sécurité pour les matches prévus à Madrid mardi (Real-Manchester City) et mercredi (Atlético-Dortmund). La porte-parole du gouvernement espagnol, Pilar Alegria, a évoqué «plus de 2000 agents» mobilisés «pour garantir une sécurité totale». Le niveau d'alerte attentat est actuellement de 4 sur une échelle de 5 en Espagne.
Le programme des quarts
Les quarts de finale de la C1 commencent ce mardi, avec quatre affiches de prestige: Arsenal reçoit le Bayern à l'Emirates Stadium, tandis que le Real Madrid reçoit Manchester City au Santiago Bernabeu. Mercredi, le PSG défie le FC Barcelone au Parc des Princes, et l'Atlético affronte le Borussia Dortmund au Metropolitano. En espérant que le spectacle soit au rendez-vous. Sur le terrain uniquement.
En France, le plan Vigipirate, un outil au cœur du dispositif de lutte contre le terrorisme, a été relevé le 24 mars à son niveau maximal, le niveau «urgence-attentat», deux jours après l'attaque près de Moscou (144 morts) revendiquée par l'EI.
La menace visant les stades «n'est pas nouvelle», a souligné Gérald Darmanin. Il y a «10 jours», l'EI a mis «le stade de Munich en fond d'écran pour dire qu'il fallait passer à l'acte dans les lieux sportifs et singulièrement les stades». L'Allemagne organise l'Euro de football du 14 juin au 14 juillet.
«Qui n'est pas préoccupé ou concerné par les menaces terroristes?», a pour sa part déclaré l'entraîneur du PSG, Luis Enrique, lors d'une conférence de presse. «J'espère que c'est une chose que nous pouvons contrôler, que ce ne seront que des menaces et qu'il ne se passera rien», a-t-il ajouté. «La sécurité est importante [...], mais on doit se concentrer sur ce qu'on doit faire, jouer au foot", a ajouté le défenseur parisien Danilo Pereira.
Menaces sur les Jeux olympiques
L'attentat de Moscou a brutalement replacé la menace jihadiste au centre des priorités sécuritaires, notamment en France, pays qui accueille dans près de 100 jours les Jeux olympiques (26 juillet-11 août), avec une cérémonie d'ouverture inédite sur la Seine, le fleuve traversant la capitale. «Frapper les Jeux olympiques en France constituerait indiscutablement un rêve devenu réalité pour l'EI et je suis sûr qu'il y a déjà des projets», affirmait fin mars à l'AFP Tore Hamming, du Centre international pour l'étude de la radicalisation (ICSR).
L'EI «est le responsable des huit derniers attentats que la France a connus», a rappelé Gérald Darmanin mardi, tout en appelant à ne pas «sombrer dans ce qu'essaie de faire la propagande terroriste, c'est-à-dire essayer de semer la peur, la terreur, partout».
À ce stade, «aucune menace terroriste caractérisée» ne pèse sur la cérémonie d'ouverture, rappellent régulièrement les autorités françaises.