Des avancées dans la chirurgie contre la maladie de Parkinson

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MédecineDes avancées dans la chirurgie contre la maladie de Parkinson

Chez certains patients, les traitements médicamenteux peuvent être complétés par la chirurgie, via une technique nommée «stimulation cérébrale profonde».

Une stimulation cérébrale profonde réalisée à l'hôpital Pasteur de Nice (F).

Une stimulation cérébrale profonde réalisée à l'hôpital Pasteur de Nice (F).

AFP

Chez certains patients atteints de la maladie de Parkinson, les traitements médicamenteux peuvent être complétés par la chirurgie, via une technique nommée «stimulation cérébrale profonde». Efficace mais lourde, cette opération est en passe de bénéficier de récentes avancées technologiques.

Opéré il y a quatre ans, Jean-Louis Dufloux, 63 ans, président de France Parkinson, évoque une «résurrection»: «Je savais que je ne serais pas guéri car la maladie continue d’évoluer mais cela m’a permis de refaire les gestes de la vie courante».

M. Dufloux fait partie des 10% de patients atteints de la maladie de Parkinson – dont la journée mondiale se tient jeudi – qui sont réceptifs à une telle opération.

Dans les années 1990, une équipe française de Grenoble (centre-est) découvrait que la stimulation profonde d’une zone du cerveau, le noyau subthalamique, avait un effet thérapeutique important contre les symptômes de cette maladie.

Depuis, des centaines de milliers de patients ont été traités dans le monde, avec une amélioration considérable de leurs troubles: tremblements, rigidité, lenteur des mouvements...

Les études à long terme ont montré que l’effet bénéfique se maintenait au moins dix ans pour la plupart des malades.

La technique consiste à implanter dans le cerveau deux électrodes qui vont stimuler les noyaux subthalamiques avec un faible courant électrique.

Réduire les symptômes

Reliées à un boîtier contenant une batterie implantée sous la peau, elles envoient des impulsions qui restaurent le fonctionnement normal des réseaux de neurones dépendant de la dopamine, laquelle contrôle en particulier la motricité.

L’opération ne guérit pas la maladie qui, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), frappaient en 2019 plus de 8,5 millions de personnes dans le monde. Mais elle fait partie d’un arsenal crucial pour en réduire les symptômes.

Proposés en première intention, des médicaments agissent en palliant un déficit en dopamine. Mais au bout de cinq à dix ans, des complications surviennent, avec l’apparition de phases «on-off»: une efficacité du traitement qui varie au cours de la journée.

C’est là que peut intervenir la stimulation cérébrale profonde. Chez les patients éligibles, elle peut restaurer l’efficacité des médicaments.

Le candidat «idéal» doit être relativement jeune (moins de 70 ans), ne pas avoir de troubles cognitifs importants et des troubles qui répondent encore aux traitements.

Certes, «cette opération, proposée dans seulement 20 centres en France, est restée pendant longtemps une intervention chirurgicale très lourde», souligne Michel Lefranc, neurochirurgien au CHU d’Amiens (nord).

Mais les avancées technologiques récentes sont en train de changer la donne: «les progrès réalisés dans le domaine du guidage par imagerie permettent de cibler de façon optimale le positionnement des électrodes», décrit-il.

400 malades par an

Dans son service, l’utilisation d’un logiciel créant un jumeau numérique du cerveau du patient rend aussi possible des simulations 3D en amont de l’intervention, ce qui épargne aux malades de longs tests moteurs éprouvants.

Au CHU d’Amiens, l’intervention dure désormais moins de 4 heures et est suivie d’une hospitalisation de 5 jours en moyenne, contre une chirurgie de 10 heures et une hospitalisation de 15 à 21 jours il y a quelques années.

«L’intervention est réalisée sur un patient entièrement endormi, ce qui améliore grandement le confort de ce dernier», souligne Mélissa Tir, neurologue au centre expert Parkinson de cet établissement.

«L’opération s’est modernisée, on peut désormais se passer d’enregistrements neurophysiologiques au bloc», abonde Marc Zanello, neurochirurgien à Sainte-Anne, à Paris. «Il faut maintenant parvenir à diffuser l’innovation dans tous les centres, ce qui permettra peut-être de traiter davantage de patients», dit-il.

Aujourd’hui en France, environ 400 malades de Parkinson sont «implantés» chaque année sachant que, selon Santé publique France, 175.000 personnes étaient suivies pour cette maladie en 2020.

Des travaux sont aussi en cours pour permettre une stimulation qui serait déclenchée uniquement en fonction des besoins du patient. «Aujourd’hui, elle a lieu en continu, ce qui peut avoir pour effet de détériorer certaines fonctions, comme la parole ou la marche», explique Romain Carron, neurochirurgien à l’hôpital de La Timone (AP-HM) à Marseille.

A l’avenir, «l’idée serait de pouvoir déclencher la stimulation électrique uniquement quand le patient n’arrive pas à initier un mouvement par exemple ou lorsqu’un tremblement est détecté», illustre-t-il.

(afp)

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