EnergieLa Suisse doit investir dans le nucléaire français, estime Paris
Pour atteindre ses objectifs de neutralité climatique, la France prévoit de construire 14 nouveaux réacteurs nucléaires d'ici 2050. Et demande à la Suisse de passer à la caisse pour assurer son approvisionnement en électricité.
Emmanuel Macron a de grands projets: le président français veut construire 14 nouveaux réacteurs nucléaires d'ici 2050, ce qui nécessitera d’investir plus de 50 milliards d’euros. En outre, 40 milliards supplémentaires seront consacrés à l'agrandissement des installations en Normandie où sont recyclées les barres de combustible usagées.
Selon la «NZZ am Sonntag», le Ministère français des affaires étrangères a déclaré lors d’une rencontre avec des journalistes européens à Paris, fin mars, que «la France considérait opportun que les pays qui ne souhaitent pas se doter eux-mêmes de nouvelles centrales nucléaires, mais souhaiteraient importer de l'énergie nucléaire de France, contribuent aux coûts de construction des nouvelles centrales nucléaires prévues en France.» La Suisse est évidemment directement concernée. La demande de Paris a suscité l’émoi à Berne.
Une idée à examiner
Depuis la fermeture de Fessenheim, les compagnies d'électricité suisses n'investissent plus dans les centrales nucléaires françaises, mais des contrats à long terme garantissent toujours l'approvisionnement de la Suisse en électricité d'environ 2300 mégawatts. La participation au programme nucléaire français serait «gagnant-gagnant» pour les deux parties, estime un représentant de la branche suisse de l’électricité qui a souhaité garder l’anonymat.
Irene Aegerter, l’une des initiatrices de l’initiative populaire «Stop au blackout», qui prévoit de relancer l’atome en Suisse, estime également que l’idée mérite d’être examinée. Elle préférerait reconstruire des centrales nucléaires en Suisse et souhaite donc lever l'interdiction de nouvelles constructions. Mais en même temps, elle estime «qu’il est toujours bon de garder ouvertes toutes les options qui renforcent notre sécurité d’approvisionnement énergétique».
Les compagnies d'électricité Alpiq, Axpo et BKW voient les choses différemment: elles déclarent à l'unisson qu'elles se concentrent sur le développement des énergies renouvelables. «Alpiq n'a aucun intérêt à investir dans de nouvelles centrales nucléaires en France», écrit un porte-parole.