Le nom du collège de Saint-Maurice, une histoire valaisanne

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HumeurLe nom du collège de Saint-Maurice, une histoire valaisanne

Les esprits s'échauffent encore autour du nouveau nom du collège bas-valaisan.

Eric Felley
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Eric Felley
Christophe Darbellay et Jean Romain, des vues divergentes.

Christophe Darbellay et Jean Romain, des vues divergentes.

Etat du Valais/ Isabelle Favre/DR/FB

Le 19 novembre dernier, l'émission «Mise au Point» sur la RTS diffusait une enquête intitulée: «L'abbaye de Saint-Maurice gangrénée par les abus sexuels». Elle mettait en cause une dizaine de chanoines à des époques récentes différentes, dont le comportement étayait une gangrène plus générale des abus sexuels dans l'Église catholique en Suisse.

La réaction de l'État du Valais ne s'est pas fait attendre: mis en retrait des personnes concernées et notamment du recteur du collège de l'Abbaye de Saint-Maurice, qui n'avait cependant rien à se reprocher. Le chef de la formation valaisanne, Christophe Darbellay, a mandaté alors un groupe de travail, présidé par l'ancienne conseillère d’État socialiste  neuchâteloise, Monika Maire-Hefti.

Adieu l'abbaye

Sentant venir le vent du boulet de la laïcité, une pétition a été lancée par certains milieux conservateurs pour ne pas prendre des mesures contre l'abbaye. Mais le Conseil d'État a annoncé, le 13 mars, que le collège s'appellerait dorénavant «lycée-collège de Saint-Maurice». L'établissement, fondé en 1806, allait définitivement couper son cordon ombilical avec sa mère l'Église. Le dépôt d'un postulat de l'UDC au Grand Conseil, demandant le maintien de l'ancien nom, a fait chou blanc par 103 voix contre 22.

Illégal

A la pointe de la résistance, le philosophe et écrivain Jean Romain, ancien interne de Saint-Maurice, de son vrai nom Jean-Romain Putallaz, longtemps député PLR à Genève, est revenu en Valais prendre une retraite active à Saint-Luc (VS). Mardi, il a déclaré, sur les ondes de Rhône FM, que le nouveau nom était «illégal», car la loi valaisanne sur l'instruction publique précise à son article 71 que le «collège de l'abbaye à St-Maurice» y est inscrit en toutes lettres.

Un «ayatollah de la laïcité»

Il n'en fallait pas plus pour chatouiller Christophe Darbellay, devenu assez sourcilleux, pour ne pas dire un peu ombrageux dans l'exercice de ses fonctions. Sur les mêmes ondes, le conseiller d'Etat a lâché: «C'est totalement faux, c'est un non-sujet». Mais d'ajouter: «Je pense que Jean Romain est un nostalgique et continue de ressasser des choses qui n'ont pas lieu d'être. Je pense que cette personne, qui était un ayatollah de la laïcité lorsqu'il était à Genève, devient maintenant le défenseur des ultra-conservateurs».

Girouette et compagnie

Mais pour Jean Romain, sur Facebook, cela reste un sujet. Sans citer le ministre valaisan, il a répliqué avec plein de sous-entendus: «Il n’est pas facile de distinguer la girouette du relativiste: tous deux suivent une ligne sinueuse dans la discussion. Le premier parce qu’il a fait du slalom sa façon de vivre pour éviter les coups; le second parce qu’il n’a pas de véritable point d’ancrage, et peut passer de l’un à l’autre sans à-coups et par calcul politique. Mais ce qui caractérise le relativiste - et ce n’est pas le cas de la girouette - c’est son agressivité: il s’attaque à la personne elle-même parce qu’il n’est pas à même de contrer ses arguments».

Plaise aux lecteurs de distinguer la «girouette» du «relativiste» dans cette histoire bien valaisanne, qui a sonné le glas du «collège de l'abbaye» après 218 ans de bons et loyaux services. Mais de toute façon, dépossédé de son étiquette abbatiale, le collège continue de porter le nom d'un saint. Et, mon Dieu, cela devrait suffire à calmer les esprits.

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