Municipales en TurquieUn scrutin test pour Erdogan
Les Turcs ont commencé à voter dimanche pour choisir leurs maires. Le «trésor national» Istanbul, aux mains du plus sérieux rival sur le plan national du président, est au centre de toutes les attentions.
Les 61 millions d’électeurs turcs ont commencé à voter dimanche pour choisir leurs maires, un scrutin local à valeur de test pour l’administration du président Recep Tayyip Erdogan qui compte bien reprendre le «trésor national», Istanbul. Les bureaux ont ouvert en deux temps, dans l’est d’abord puis, une heure plus tard, dans l’ouest du pays dont Istanbul et Ankara depuis 8h (7h en Suisse).
A 70 ans, M. Erdogan a jeté toute sa stature d’homme d’Etat dans la campagne, labourant son pays de 85 millions d’habitants aux côtés des candidats de son parti, l’AKP (islamo-conservateur), tenant jusqu’à quatre meetings par jour et partageant chaque soir l’iftar, le repas de rupture du jeûne de ramadan. Il s’est ainsi personnellement investi au côté de son candidat pour Istanbul, un ancien ministre peu charismatique, Murat Kurum, dont le portrait apparait généralement flanqué du sien sur les bannières électorales.
Déloger son plus sérieux rival
Il s’agit de laver l’affront de 2019 en délogeant le maire sortant Ekrem Imamoglu, figure de l’opposition qui lui a ravi la principale et plus riche ville du pays et qui, en cas de reconduction sur les rives du Bosphore, fera figure de favori pour prendre la tête de l’Etat en 2028.
Samedi encore, veille du scrutin, M. Erdogan a tenu trois meetings à Istanbul, l’ancienne Constantinople qualifiée de «joyau» et de «trésor national», dont il fut maire dans les années 90 avant de conquérir le pouvoir. De nouveau il a insisté sur les manquements, selon lui, de M. Imamoglu qu’il dépeint en ambitieux peu soucieux de sa ville, «maire à temps partiel» obsédé par la présidence. «Istanbul a été abandonnée à son sort ces cinq dernières années. Nous aspirons à la sauver du désastre» a-t-il lancé avant d’aller prier à la mosquée Sainte-Sophie.
Les sondages donnaient en fin de semaine l’avantage au maire sortant. En mai 2023, ils avaient toutefois prédit une défaite à la présidentielle de M. Erdogan, qui avait pourtant été reconduit avec 52% des voix.