Accusations de violences psychologiquesJulien Bayou n'est pas suspendu par le groupe écologiste
Il s'était mis en retrait de son parti, après la plainte de son ex-compagne. Une élue déplore cette non-suspension et aurait voulu que le groupe affirme une «ligne politique féministe».
Le député écologiste Julien Bayou, en retrait depuis une plainte de son ex-compagne qui l’accuse de «violences psychologiques», n’a pas été suspendu par son groupe à l’Assemblée, ont confirmé des sources parlementaires mercredi au lendemain d’un vote interne.
Selon le règlement interne, une majorité qualifiée de 60% des effectifs du groupe était nécessaire pour suspendre officiellement le député de Paris. Elle n’a pas été atteinte lors du scrutin, ont indiqué des députées, confirmant une information de BFMTV et du site Les Jours.
«Il reste en retrait, mais n’est pas suspendu», précise-t-on au sein du groupe de 22 élus.
«On a vraiment pris le temps du débat. C’est un sujet qui est difficile (...) A la fin, au vu des éléments qu’on a, la mise en retrait paraissait la plus adaptée», a réagi la présidente de groupe, Cyrielle Chatelain, auprès de l’AFP.
Ce retrait signifie que Julien Bayou ne peut pas prendre la parole au nom de son groupe dans l’hémicycle ou dans les médias.
Interrogée par l’AFP, la députée Sandrine Rousseau a déploré l’absence de suspension. «Je regrette vraiment cette décision. J’aurais aimé que le groupe affirme une ligne politique féministe», a-t-elle déclaré.
Les Jeunes écologistes – mouvement de jeunesse du parti – ont également critiqué le résultat du vote «qui n’est pas à la hauteur de nos engagements pour la lutte contre les violences sexistes et sexuelles». Plusieurs militants sont allés dans le même sens sur les réseaux sociaux.
«Je comprends ces réactions», a assuré Cyrielle Chatelain. «Sur ces sujets, on essaye de faire au mieux. On chemine sur un chemin de crête».
Julien Bayou avait annoncé le 7 mars qu’il se mettait en retrait de son groupe et de son parti, après une plainte déposée par son ex-compagne pour harcèlement moral et abus de faiblesse.
Anaïs Leleux, qui reproche à l’écologiste des «violences psychologiques», a affirmé vouloir faire de cette affaire «le procès féministe du siècle».
En septembre 2022, Julien Bayou, alors patron du parti écologiste et coprésident du groupe à l’Assemblée, s’était déjà mis en retrait et avait dû quitter ses fonctions après de premières révélations de son ex-compagne dans un courriel adressé deux mois plus tôt à la cellule interne d’EELV sur les violences sexistes et sexuelles.
La cellule s’était auto-saisie pour enquêter et, en septembre, la députée Sandrine Rousseau avait mis le feu aux poudres en relayant publiquement les accusations, dénonçant des «comportements de nature à briser la santé morale des femmes».
Mais six mois plus tard, le groupe écologiste avait acté la fin de la mise en retrait du député, après la clôture de l’enquête interne, faute d’avoir pu entendre la plaignante. M. Bayou s’était alors estimé «blanchi» et «innocenté».
À l’époque, aucune plainte n’avait été déposée ni aucune enquête judiciaire ouverte.