Une femme dirigera pour la première fois une école polytechnique

Publié

SuisseUne femme dirigera pour la première fois une école polytechnique

À 49 ans, Anna Fontcuberta i Morral prendra la tête de l'EPFL en 2025: une révolution!

Comm/M.P.
par
Comm/M.P.
Anna Fontcuberta i Morral est professeure ordinaire en sciences des matériaux à l'EPFL depuis 2019 puis vice-présidente depuis 2021.

Anna Fontcuberta i Morral est professeure ordinaire en sciences des matériaux à l'EPFL depuis 2019 puis vice-présidente depuis 2021.

EPFL/Nicolas Righetti

Anna Fontcuberta i Morral prendra la tête de l’EPFL le 1er janvier 2025, a annoncé ce 27 mars le Conseil fédéral. Depuis la création en Suisse des écoles polytechniques fédérales en 1855, c'est la première fois qu'un tel poste est confié à une femme. Cette physicienne et spécialiste en sciences de matériaux a un parcours exceptionnel,

Elle a rejoint la grande école lausannoise en 2008, est devenue professeure ordinaire en 2019 avant de prendre la supervision des centres et des plateformes en tant que vice-présidente associée deux ans plus tard.

Depuis son diplôme bachelor en physique obtenu en 1997 à l’Université de Barcelone, le parcours d’Anna Fontcuberta i Morral, née en 1975, donne le tournis. Doctorat en science des matériaux à l’École Polytechnique à Palaiseau jusqu’en 2001; passage par le California Institute of Technology de Pasadena où elle cofonde une start-up, Aonex Technologies, en marge de son poste de chercheuse invitée entre 2004 et 2005. Puis Team leader à la Technische Universität München où elle obtient son habilitation en physique expérimentale. En 2008 elle s’installe en Suisse et continue sa carrière à l’EPFL. 

« J’ai besoin de stimulation, collaboration et inspiration. Je les ai d’abord trouvées en étudiant et menant des recherches dans plusieurs institutions de renom. Depuis maintenant presque 16 ans, c’est au sein de l’EPFL que je m’épanouis. C’est une université très innovante à taille humaine, où tout le monde se connait, ce qui la rend si spéciale », sourit Anna Fontcuberta i Morral.

Pour les femmes dans les sciences

Elle excelle aussi dans l'enseignement puisqu'elle reçoit le Polysphère de la faculté STI récompensant le meilleur enseignement en 2020. Elle s’investit en tant que vice-présidente de l’association des garderies de Dorigny entre 2012 et 2015. Elle contribue à dynamiser la fondation WISH qui promeut le rôle des femmes en sciences et à lancer ou relancer plusieurs centres et plateformes (Research Computing Platform, EcoCloud, Bernoulli, QSE Center).

Au-delà de son engagement pour l’EPFL, Anna Fontcuberta i Morral est également très impliquée au niveau national. Depuis 2015, la suisso-hispanique est membre du Fonds national suisse (FNS) et elle fait partie de la direction de l’institution depuis 2020.

«Il est indispensable que la science aille à la rencontre de la société et du monde politique. Je viens moi-même de la recherche (en partie fondamentale), qui n’est pas forcément la plus aisée à partager et dont l’utilité est parfois remise en question. C’est en échangeant, en écoutant, en expliquant que l’on construit un cercle vertueux : les interlocuteurs comprennent mieux le monde de la recherche; et je perçois plus finement comment la science et la formation peuvent contribuer au bien de la société dans son ensemble».

Neuf mois de transition

L'actuel président de l'EPFL, Martin Vetterli, se réjouit de transmettre le témoin à la nouvelle Présidente: «Je suis très heureux du choix du Conseil Fédéral. Anna est une chercheuse exceptionnelle et, qui plus est, a grandi dans le milieu EPFL, ayant accompli son “tenure track’’ (pré-titularisation conditionnelle menant à la nomination comme professeur ordinaire) dans notre institution. Je réjouis de travailler avec elle dans cette transition de neuf mois. Ceci peut paraître confortable. Mais cela sera très utile au vu des enjeux actuels et des initiatives en cours», rappelle-t-il.

Contraintes budgétaires, investissements autour de l’intelligence artificielle, augmentation du nombre d’étudiants, imprévus liés à la politique internationale, etc : les défis sont nombreux. «Je me réjouis que nous puissions nous asseoir avec Martin et échanger sur tous les sujets», explique Anna Fontcuberta i Morral. Quant à ses projets en tant que future présidente, Anna Fontcuberta i Morral les dévoilera d’abord à l’interne : «je veux non seulement garder la primeur pour les chercheurs, employés et étudiants de l’EPFL, mais aussi me nourrir de leurs retours et affiner mes plans pour démarrer 2025 sous les meilleurs auspices », détaille-t-elle.

Ton opinion

39 commentaires