Effondrement du pont de BaltimoreLe bilan provisoire est de six morts
Cette alerte a permis d'au moins partiellement réduire le trafic sur le pont. Le bateau aurait eu une panne électrique.
Le navire accidenté mardi à Baltimore a lancé un SOS, qui a permis de réduire le trafic sur le pont autoroutier qu'il a fait s'effondrer, a indiqué Wes Moore, le gouverneur de l’État du Maryland. Ce qui a permis de sauver des vies.
«Ces gens sont des héros. Ils ont sauvé des vies la nuit dernière», a déclaré Wes Moore à propos de l’équipage du navire qui a réussi à informer les autorités qu’il rencontrait un problème, alors que le navire se déplaçait à une vitesse «rapide» de huit noeuds (près de 15 km/h).
Le porte-conteneurs avait un «problème électrique», a-t-il ajouté. «Nous pouvons confirmer que l’équipage a informé les autorités d’un problème d’alimentation électrique»», a-t-il déclaré. Ce que semblent confirmer les images ci-dessous où l'on voit toutes ses lumières s'éteindre avant de se rallumer peu avant la collision que le navire semble vouloir tenter d'éviter.
Six personnes présumées mortes
Les recherches de survivants ont été suspendues mardi dans la soirée, les six personnes portées disparues étant désormais présumées mortes, a annoncé un responsable des gardes-côtes. «Sur la base de la durée des recherches effectuées (...), de la température de l’eau, à présent nous n’estimons pas que nous trouverons ces individus encore en vie», a déclaré le vice-amiral Shannon Gilreath lors d’une conférence de presse.
Deux personnes ont pu être sorties de l’eau. Une personne a été transportée à l’hôpital dans un état grave tandis qu’une deuxième est sortie indemne.
Au moment des faits, on aperçoit des lumières qui semblent être celles de véhicules sur le pont, avant qu’il ne se déforme et tombe par morceaux. Des ouvriers travaillaient également sur le pont, selon les autorités.
Le transport maritime à destination et en provenance de Baltimore, l’un des ports les plus fréquentés des États-Unis, a été suspendu.
La même sensation que le 11 septembre
Dans sa station-service en périphérie de Baltimore, Patricia Sisk voit généralement passer à l’aube des routiers habitués et des parents pressés. Après l’effondrement du pont, c’est un ballet de policiers, secouristes et clients choqués qu'elle a vus.
«C’est effrayant», confie cette Américaine de 82 ans à l’air affable sous sa casquette de travail. «Quand je suis arrivée, on m’a raconté. J’ai vu toutes ces forces de police et ils m’ont dit ce qu’il s’est passé. Et vous savez, je compatis pour tous ces gens», poursuit-elle alors que le son des sirènes résonne autour du petit supermarché de la station-service.
Patricia Sisk dit n’avoir pas éprouvé une telle sensation de peur depuis les attentats du 11 septembre 2001, qui ont tué près de 3000 personnes et traumatisé les Américains. «Vous savez quand les tours... c’est juste ce sentiment un peu glauque», explique l’octogénaire d’un ton calme mais inquiet.
A la caisse, Patricia Sisk passe la matinée à parler de l’accident avec les clients, des habitués à ceux qui sont bloqués en raison des routes barrées par la police, beaucoup lui montrant sur leurs écrans de téléphone les images spectaculaires diffusées sur les réseaux sociaux. «Tout le monde en parle. Ils ont peur, ils ont cru que c’était une explosion. C’était horrible», continue la vendeuse pendant une pause café.
Il est passé sur le pont 3 minutes avant
Parmi les clients, Jennifer Woolf ne montre pas de peur contrairement, dit-elle, à son fils de 20 ans, qui a échappé de peu à la catastrophe. Après une dispute dans la nuit avec sa petite amie, il prend la route furieux depuis Dundalk, de l’autre côté du pont. Il fait demi-tour pour finalement retrouver sa petite amie. «Il est passé par le pont une deuxième fois. Et trois minutes après exactement, le pont s’effondre», rapporte sa mère de 41 ans, commandant ses cafés allongés depuis une machine.
«Il est rentré à la maison en panique, en pleurs, tremblant, et j’ai commencé à pleurer aussi», raconte cette entrepreneure au ton assuré, dans un gros pull à capuche rouge. Son fils a refusé de l’accompagner dit-elle, de peur de trop se rapprocher du pont.
«Il n’a toujours pas dormi, regarde les informations et ne cesse de m’écrire», continue-t-elle, se disant «reconnaissante» que son fils ait échappé au pire. «Je prie pour toute les familles qui traversent cette tragédie pour qu’elles retrouvent leurs êtres chers».
Une vieille crainte
Avec son petit déjeuner en main, un grand gobelet de soda et un paquet de biscuits au chocolat, Paul Kratsas assure que lui craint depuis longtemps qu’un tel drame se produise sur le pont. «Hier, j’ai failli le prendre mais», commence d’un air sûr de lui ce résident de Baltimore de 59 ans, «quand j’y passe parfois, je suis là à espérer que ce truc ne tombe pas, je pouvais pas me dire que ça ne pourrait pas arriver». Mais il n’a «jamais vu ça avant», reconnaît-il.
Comme d’autres résidents de Baltimore, il s’interroge sur la quantité de navires qui passent sous le pont. «Ces navires vont et viennent tout le temps. Et ils viennent généralement avec de gros remorqueurs», fait-il remarquer. Sa femme qui l’accompagne, mais ne souhaite pas donner son nom, met en doute la qualité des infrastructures avant de conclure d’un air ironique: «C’est l’Amérique».