Netflix«Le problème à 3 corps»: on en veut encore!
Récit vertigineux, effets spéciaux dingues, la nouvelle série des créateurs de «Game of Thrones» place la science-fiction en orbite. Notre critique.
- par
- Laurent Flückiger
En 2019, Netflix réalisait un coup magistral en signant avec David Benioff et D.B. Weiss, créateurs de «Game of Thrones». Le géant du streaming coupait l'herbe sous le pied de Prime Video, Disney+ et consorts avec un contrat — estimé à 200 millions de dollars — sur plusieurs années pour le développement de plusieurs films et séries.
Quatre ans plus tard, voici le premier bébé issu de ce mariage. Comme avec «Le trône de fer» de George R.R. Martin, les deux Américains quinquagénaires ont choisi d'adapter un monument de la littérature récente: la trilogie «Le problème à 3 corps» du romancier chinois Liu Cixin, publié entre 2006 et 2010. Par contre, il ne s'agit pas ici de fantasy mais de science-fiction.
La série raconte comment la décision d'une jeune femme en Chine dans les années 60 va affecter le monde d'aujourd'hui. Alors que les lois de la nature se délitent, un groupe de brillants scientifiques unit ses forces à celles d'un inspecteur pour affronter la plus grande menace de l'histoire de l'humanité.
Le duo Benioff-Weiss, associé à Alexander Woo («The Terror: Infamy»), s'en sort-il aussi bien avec la technologie futuriste et les étoiles qu'avec les épées et les dragons? Oui. Et à vrai dire, il y a quelques points communs entre «Le problème à 3 corps» et «Game of Thrones».
Similitudes avec «Game of Thrones»
Trois acteurs vus à Westeros sont de l'aventure: John Bradley (qui était le meilleur ami de Jon Snow, Samwell Tarly), Jonathan Pryce (le Grand Moineau) et Liam Cunnigham (Davos Mervault). Ramin Djawadi a rempilé pour la musique, avec un générique au piano qui rappelle davantage celui qu'il a fait pour «Westworld». En outre, si la série se passe au XXIe siècle, il y a des costumes d'époque et quelques plans qui n'auraient pas fait tache avec ceux de la série «Game of Thrones». À la création des décors, Deborah Riley, est, d'ailleurs, issue de cette dernière. Sur une scène en particulier, impossible de ne pas penser à l'armée des Immaculés, en rang, face à Daenerys.
Si on devait trouver encore une similitude entre les deux séries, c'est sa complexité. «Game of Thrones» avait un nombre impressionnant de personnages et d'histoires en parallèle — qui n'a pas appuyé sur pause pour consulter l'arbre généalogique des différentes familles? Dans «Le problème à trois corps», il y est question de physique, de jeu vidéo, de menace extraterrestre mais surtout de morale.
De grandes réflexions existentielles
Que feriez-vous si vous receviez un message venu de l'espace?
L'existence d'une autre civilisation est-elle une chance ou un danger? Les vies de demain sont-elles moins importantes que celles d'aujourd'hui? La série provoque de grandes réflexions sur notre place dans l'univers mais aussi sur cette planète. Le récit est vertigineux jusqu'à l'épisode 5, qui, d'ailleurs, fera date par ses effets spéciaux totalement dingues. On avoue qu'après ça, les trois derniers épisodes ont mis un peu plus de temps à nous convaincre totalement. Ils l'ont pourtant fait.
«Le problème à trois corps» est une grande série de science-fiction. Elle replace aussi Netflix sur la carte des récits prestigieux du genre — Apple a «Foundation». Enfin, c'est une excellente période pour le géant du streaming qui a déjà réussi la minisérie allemande «Le signal» et fait un carton (mérité) avec la réalisation très fun de Guy Ritchie «The Gentlemen».