Des lynx jurassiens sans oreilles divisent les spécialistes

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FauneDes lynx jurassiens sans oreilles divisent les spécialistes

Des grands félins naissent avec une malformation. Est-il urgent d'en introduire de nouveaux?

R.M.
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Au moins trois lynx seraient nés sans oreilles dans le Jura. (Image d'illustration)

Au moins trois lynx seraient nés sans oreilles dans le Jura. (Image d'illustration)

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Dans le Jura, on peut tomber sur un lynx sans oreilles. D’abord, pas d’inquiétude: même si on peut imaginer un certain choc visuel, le grand félin se porte manifestement très bien. Par contre cette malformation représente peut-être un signe inquiétant pour l’espèce dans nos contrées.

En février dernier, Alain Prêtre, un photographe animalier, a repéré et immortalisé un lynx sans oreilles près de la frontière jurassienne franco-suisse, relate «ArcInfo».

Ce n’est pas la première fois qu’on en entend parler: ce spécimen est connu de certains spécialistes. Membre d’une fratrie de trois individus, il est né en 2021, explique au quotidien neuchâtelois Fridolin Zimmermann, de la fondation Kora. Selon lui, toute la fratrie présente en fait la même caractéristique, qui serait une malformation congénitale.

Urgence ou pas?

Les connaissances scientifiques manquent sur le sujet, souligne-t-il. Mais avec des collègues français, ils suivent cette question de près. Car elle pourrait indiquer une perte de diversité génétique.

La réintroduction du lynx dans le Jura avait en effet été réalisée à l’époque avec peu d’individus, qui venaient tous des Carpates. La population de félins souffrirait donc de «consanguinité croissante».

Faut-il comprendre qu’il faut d’urgence introduire dans le Jura du sang neuf avec l’«importation» de nouveau lynx? La question fait manifestement débat.

Oui, il y a urgence, répond le photographe Alain Prêtre dans «ArcInfo». «Si on ne fait rien, la disparition du lynx dans le massif jurassien pourrait intervenir d’ici 30 ans», tranche celui qui est également président d’honneur de l’association franco-suisse Defend the wolf.

Non, il n’y a pas d’urgence, répond au contraire le spécialiste des grands carnivores Fridolin Zimmermann, pour qui le suivi mis en place actuellement doit d’abord continuer. Il s’agit de «mieux comprendre l’impact de la perte de diversité génétique sur la survie, la reproduction et l’état de conservation du lynx», raconte-t-il dans «ArcInfo».

Pour lui, surtout, il faut mettre tout le monde d’accord avant un éventuel nouveau peuplement. «Il faut absolument un accord entre tous les groupes d’intérêts. Un consensus social et politique est primordial et dans l’intérêt de tous, y compris le lynx», plaide-t-il.

Un reportage de France 3 sur le phénomène.

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