Attentat de MoscouLe président tadjik assure que les «terroristes n’ont pas de nationalité»
Des médias russes ont affirmé que les terroristes de l'attaque serait originaire du Tadjikistan. Son président dément et un ministre britannique émet des doutes sur les dires de Poutine.
Le président tadjik Emomali Rakhmon a dit dimanche à son homologue russe Vladimir Poutine que les «terroristes n’ont pas de nationalité», alors que des médias russes affirment que les assaillants du Crocus City Hall étaient originaires du Tadjikistan.
Lors d’un échange téléphonique, M. Rakhmon «a fermement condamné le cruel attentat sanglant au Crocus City Hall, en soulignant que les terroristes n’ont ni nationalité, ni Patrie, ni religion», a indiqué dans un communiqué le service de presse de la présidence tadjike.
Des individus ont ouvert le feu et incendié vendredi soir cette salle de concert, en banlieue de Moscou. Au moins 133 personnes sont mortes.
La Russie a annoncé samedi l’arrestation de 11 personnes, dont «quatre terroristes» - des «citoyens étrangers» - impliqués dans l’attentat qui a été revendiqué par l’organisation jihadiste État islamique (EI).
Selon des médias russes et le député Alexandre Khinstein, certains des suspects sont originaires du Tadjikistan, ex-république soviétique d’Asie centrale à majorité musulmane voisine de l’Afghanistan.
«En ce moment du deuil national en Russie, le chef d’État tadjik a souligné la solidarité de tous les citoyens tadjiks avec le peuple russe», a fait valoir le service de presse de la présidence tadjike.
Pour sa part, le Kremlin a annoncé à l’issue de cet entretien téléphonique que la coopération «étroite» entre la Russie et le Tadjikistan dans le domaine de la lutte antiterroriste allait «s’intensifier».
Ni Vladimir Poutine, ni les services russes de sécurité (FSB) n’ont cependant évoqué la revendication par l’EI de cet attentat, le plus meurtrier en Russie depuis le début des années 2000.
Les autorités ont par contre mis en avant une piste ukrainienne, en affirmant que les assaillants essayaient de se rendre en Ukraine où ils disposaient de contacts.
Ni le Kremlin ni les enquêteurs n’ont fourni de précisions sur la nature de ces liens ni de preuve de leur existence. Ils n’ont pas évoqué non plus les menaces jihadistes qui pèsent sur la Russie depuis des décennies, ni le fait que Moscou combat l’EI en Syrie.
Un ministre britannique met en doute la version russe
Le ministre des Finances britannique Jeremy Hunt a mis en doute dimanche la version de Vladimir Poutine après l’attaque meurtrière de Moscou vendredi, disant avoir «très peu confiance» en ce que dit le gouvernement russe.
«Toute perte de vie civile est absolument horrible, même si elle se produit dans des pays dont nous désapprouvons fortement la gouvernance, et nous ne pouvons qu’espérer que les auteurs seront arrêtés», a dit Jeremy Hunt sur la télévision Sky News.
Mais interrogé sur les explications avancées par Moscou, le ministre a dit avoir «très peu confiance en ce que dit le gouvernement russe».
«Nous savons qu’il crée un écran de fumée de propagande pour défendre une invasion totalement diabolique de l’Ukraine», a-t-il poursuivi.
«Je prends ce que dit le gouvernement russe avec beaucoup de précaution (...) après ce que nous avons vu de leur part ces dernières années», a encore dit Jeremy Hunt.