HumeurLa parole de droite se porte bien en Suisse romande
Avec Guy Mettan, Slobodan Despot et Cie, la diversité est assurée.
- par
- Eric Felley
«Le courage de penser par soi-même!» Tel était le titre d'une conférence-débat donnée le 19 mars dernier par le journaliste Guy Mettan lors d'une rencontre du Cercle des dirigeants d'entreprises de Genève. «Venez nombreux!», disait-il sur Facebook. Comme le rendez-vous n'a pas fait l'objet d'un compte-rendu, on ne peut qu'imaginer le nombre de personnes intéressées par cette invitation à sortir de sa zone de confort pour une introspection critique.
Narratif contre narratif
Cette faculté de «penser par soi-même» a été le slogan des opposants à la politique sanitaire lors de la pandémie du Covid-19. Depuis deux ans, le «penser par soi-même» s'est déplacé sur le terrain de la guerre en Ukraine. Guy Mettan ne s'en cache pas, il est favorable à la Russie de Poutine et adopte le «narratif» de Moscou sur de nombreux points. Il développe des arguments, qu'il partage avec certains en Suisse. Par exemple Slobodan Despot, qui a fait scandale dimanche dernier dans l'émission «Les beaux parleurs» sur la RTS, en traitant les Estoniens de nazis.
Dans la bouche de Guy Mettan, «penser par soi-même» est une invitation à ne pas penser comme les autres, voire à penser contre eux. Mais, pour nous autres, cette pensée «par soi-même» reste un mystère, tant sa construction a été complexe, depuis notre premier jour d'école jusqu'au dernier livre qu'on a lu. Nous naissons et grandissons tous comme des éponges. Tout dépend où l'on plonge, l'eau n'est pas la même et son goût varie au gré des courants.
Les médias souffrent d'idéologie
Guy Mettan, comme Slobodan Despot, ont été invités par Myret Zaki à participer à un livre récemment paru aux Éditions Favre, intitulé: «Sans diversité de vues, pas de journalisme». Les 23 journalistes invités dans cet ouvrage ont tous l'ambition de penser par eux-mêmes. Pour Myret Zaki: «Ils partagent le même constat: celui d’un évident manque de pluralité de points de vue dans les médias traditionnels». Elle évoque un «problème de monoculture idéologique». Autrement dit, ils ne sont pas assez à droite.
Mais la diversité réunie dans ce livre témoigne au contraire de la vitalité des opinions dans le microcosme romand de la pensée politique contre le conformisme du «prêt-à-penser». On y trouve une bonne représentation des plumes de droite: les deux cités plus haut, Pascal Décaillet, Nicolas Jutzet, Raphaël Pomey ou Jonas Follonier. On y trouve aussi des vieux briscards comme Christian Campiche, Patrick Nussbaum, Jean-Claude Péclet ou Jacques Pilet.
Bourrage de crâne
Sur Facebook, Guy Mettan recommande l'achat du livre, qu'il décrit comme «une critique salutaire en ces temps de bourrage de crâne généralisé». Mais qui cherche à bourrer le crâne de qui? Voilà une question qui mériterait un deuxième livre. On voudrait savoir qui a été le premier à vouloir envahir la pensée de l'autre pour qu'il ne pense plus par lui-même... Même l'intelligence artificielle - qui devrait être aussi capable de penser par elle-même - y perdrait ses neurones. D'ailleurs, quelle est la couleur politique de l'IA?