France«Évitez les urgences de notre ville!» lance un maire
Un élu dénonce la mauvaise prise en charge des patients dans sa commune et conseille aux habitants d'aller se faire soigner dans les hôpitaux voisins.
Les difficultés du système de santé français ont conduit un maire à recommander d’éviter les Urgences de l’hôpital public de sa propre ville, estimant que les gens y meurent «faute d’avoir été pris en charge».
Dans un courriel adressé aux autorités de santé le 7 mars et dévoilé par la presse locale, le maire de Châteauroux, Gil Averous, estime n’avoir «jamais connu un tel délabrement du service public hospitalier».
«On ne peut pas continuer à comptabiliser les gens qui meurent faute d’avoir été bien diagnostiqués et pris en charge», s’est indigné l’élu, tout en déconseillant «fortement» aux habitants de se rendre aux Urgences de l’hôpital de sa ville. Il les invite à privilégier l’hôpital de la ville d'Issoudun, située à trente minutes en voiture, ou à l’Hôpital de Limoges, à 1 h 10 de route, selon le journal local «La Nouvelle République».
Des récits glaçants
Selon des témoignages recueillis par la radio FranceBleu, un homme est mort en décembre 2022 après avoir passé deux jours sur un brancard et être resté vingt-six heures d'affilée sans recevoir le moindre soin.
Une autre patiente a raconté avoir attendu dix-neuf heures aux Urgences de Châteauroux avant que le personnel se rende compte qu'elle était en train de faire un AVC. Un troisième explique avoir passé vingt-quatre heures sur une chaise, toujours aux Urgences, alors qu'il souffrait d'une pancréatite.
À force de recevoir de nombreuses plaintes du même genre, le maire de la commune a fini par réagir, ce qui a mené à ce courriel incendiaire.
Territoire «peu attractif»
L’Agence régionale de santé (ARS) a réagi en invoquant des problèmes d’organisation de la part de l’hôpital mais aussi du système de soins dans le pays.
L’Hôpital de Châteauroux a «des difficultés à recruter du personnel» en raison d’un «territoire très peu attractif pour les professionnels de santé», a dit à l’AFP la directrice générale de l’ARS du Centre-Val de Loire destinataire de ce courriel.
«On demande à l’hôpital de compenser toutes les difficultés du système de santé et les difficultés sociales», a-t-elle regretté. La directrice régionale en veut pour preuve les patients âgés qu’on «envoie à l’hôpital parce qu’ils sont en fin de vie».