Hôtel saccagé à Porrentruy: «Si je croise le casseur, je change de trottoir»

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JuraHôtel saccagé à Porrentruy: «Si je croise le casseur, je change de trottoir»

Propriétaire d’un restaurant massacré dimanche dernier en pleine ville, Stéphane Dick répare les pots cassés par un ivrogne.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

Selon son propriétaire, c’est un véritable tsunami qui a ravagé dimanche dernier l’Hôtel de la Gare de Porrentruy. Trois jours après le passage d’un ivrogne qui a fracassé l’établissement en prenant tout son temps, entre 1 heure et 3 heures, Stéphane Dick retrousse ses manches pour réparer les pots cassés: «Le personnel est inquiet: il nous a fallu un demi-jour pour arrêter les pleurs», confie ce restaurateur.

Ce mercredi matin, Stéphane Dick passe du temps au téléphone, entre deux rendez-vous: «T'as vu ça? Alors voilà: il y a de la peinture à refaire...», dit-il à un artisan. Machines, mobilier, ustensiles, décoration: le casseur a tout renversé méthodiquement, en fracassant des centaines de bouteilles, une par une.

Inventaire à faire

Il y a du nettoyage et un inventaire à faire. Fermé jusqu'à nouvel avis, le restaurant est, depuis dimanche une fourmilière. Entre des assureurs et des fournisseurs, avec le propriétaire en chef d’orchestre. «Je suis désolé… », dit-il mercredi matin à un client refoulé sur la terrasse.

L'individu a massacré l'Hôtel de la Gare de Porrentruy (JU).

L'individu a massacré l'Hôtel de la Gare de Porrentruy (JU).

Vidéosurveillance

Entré dans l'hôtel en brisant une baie vitrée, le casseur arrêté dimanche soir a été relâché, les conditions légales de détention n'étant pas réunies. Le Ministère public ne craint ni récidive ni collusion. Le saccage était-il ciblé, par exemple pour assouvir une vengeance? «En aucune façon! On s'est simplement trouvé sur son passage», suppose Stéphane Dick.

La vidéosurveillance

Le 18 octobre 2022 à Porrentruy, un riverain avait incendié la terrasse du restaurant Le Pépin. Filmé également par la vidéosurveillance, ce buveur avait un motif: le bruit généré par l'établissement, un argument qui ne vaut pas pour l'Hôtel de la Gare. «On ignore si cet individu était un client», précise le patron.

L’auteur trentenaire était ivre, mais sa folle dérive est un acte isolé: ce ressortissant jurassien n'a pas d'antécédent. Avant d'intervenir à l'Hôtel de la Gare, il a renversé des échelles et des pots de peinture sur un chantier.

Sur le pare-brise

À la rue de la Rochette, l'enragé s'en est pris au bus d'une entreprise de nettoyage en jetant des cailloux sur le pare-brise, en arrachant les essuie-glace, en le vidant de son contenu et en aspergeant de la lessive liquide dans l'habitacle.

Réveillé par le bruit, le propriétaire du bus a enfilé un pantalon pour intervenir après avoir poussé un coup de gueule depuis sa fenêtre, mais le casseur s'est débiné en emportant des gants en latex et des clefs de conciergerie qui seront retrouvées à l'hôtel.

Police alertée

Le fauteur de troubles a tenté d'entrer chez la voisine du dessous, tout en farfouillant dans les boîtes à lettres et en débranchant un congélateur. La police a été alertée, mais les patrouilles déployées n'ont pas permis de le localiser avant son introduction à l'Hôtel de la Gare, 40 minutes plus tard. À la rue du Jura, il s'est caché derrière un kiosque au passage des véhicules.

Stéphane Dick a porté plainte, mais en raison de l'ampleur des dégâts, le coupable est poursuivi d'office. Comment réagira le restaurateur en cas de rencontre? «Si je croise le casseur, je baisse le regard et je change de trottoir… », répond le lésé qui, pour l’heure, ne connaît pas son identité.

Nombreux messages

Ce qui lui met du baume au cœur, ce sont les nombreux messages de sympathie reçus de tout le pays, dont des propositions d’aide : «On nous a même proposé des véhicules, mais nous devons refuser. Les dégâts sont pris en charge par des professionnels», précise Stéphane Dick.

Le soutien affiché fait du bien: «C’est ce qui nous fait se lever le matin», précise le patron de l’Hôtel de la Gare, qui avoue mal dormir. «Je me réveille en sursaut », précise-t-il en évoquant des moments chargés d’émotion.

En trois étapes

Trois jours après le saccage, l’hôtel fonctionne avec ses douze chambres, mais pas le restaurant. Sa réouverture se fera a priori en trois étapes, de manière à fournir du travail à la quinzaine d’employés. «Nos partenaires et nos fournisseurs ont réagi au quart de tour, en particulier pour remplacer les machines et les bouteilles», rapporte Stéphane Dick.

Victime d’un cambriolage l’été dernier après avoir surmonté la pandémie, le propriétaire de l’Hôtel de la Gare n’a qu’une idée en tête: rouvrir son établissement au plus vite. Un représentant a déjà été chargé de remplir les frigos de bières…

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