Suisse-UEPierre-Yves Maillard intraitable sur les salaires suisses
Le patron des syndicats bute sur la réglementation européenne concernant les frais professionnels.
- par
- Eric Felley
Lundi à Bruxelles, la présidente de la Confédération, Viola Amherd, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ont lancé officiellement la réouverture des négociations entre la Suisse et l'UE, afin d'approfondir et d'étendre leurs relations, après l'échec du dernier mandat en mai 2021.
L'UDC a déjà lancé une campagne contre ces négociations avant même qu'elles ne soient terminées, pour des raisons de souveraineté, parlant d'un «traité de soumission avec l'UE». Du côté des syndicats, le début de ces négociations suscite également de fortes réticences. L'Union syndicale suisse (USS) a écrit au Conseil fédéral pour lui en faire part. Son président, le conseiller aux États Pierre-Yves Maillard (PS/VD), était sur le plateau du «19:30» mardi soir pour s'expliquer.
Les règles du pays de provenance
Un problème en particulier dérange les syndicats, c'est celui de la fixation des frais professionnels. Le mandat prévoit d'adopter la règle en vigueur dans l'UE, ce que déplore Pierre-Yves Maillard: «On demandait au Conseil fédéral d'exclure la reprise de la solution européenne: à savoir que les frais professionnels, les frais de transport, les frais de repas ou les frais de nuitées, suivent les règles du pays de provenance. C'est-à-dire que, s'il n'y a pas de règle dans ce domaine, cela prévaut quand les gens viennent travailler en Suisse. Que le Conseil fédéral ne veuille pas exclure clairement cette solution-là, pour nous, c'est un très mauvais signal».
Pas d'affaiblissement des salaires
Le patron des syndicats ajoute: «Sur ce point, on est d'accord avec les associations patronales qui ne veulent pas une concurrence déloyale des entreprises qui détacheraient des travailleurs chez nous». À la question de savoir si les syndicats n'en faisaient pas trop pour peser sur les discussions en cours, le Vaudois a répondu: «Je pense qu'on a assez dit que le domaine de la protection des salaires ne doit pas être affaibli. La négociation sur ce point-là part mal, puisque le mandat lui-même est déjà insuffisant (...) On ne peut pas demander à des syndicats d'être enthousiastes avec ce projet, non».
L'électricité et le rail
D'autres points des négociations en cours dérangent aussi Pierre-Yves Maillard: «Le Conseil fédéral a ouvert la voie à des libéralisations dans le domaine électrique et dans le domaine du rail, ce qui est évidemment, pour nous, pas une bonne idée du tout. Au contraire, on a évité un certain nombre de mauvaises expériences en Suisse par rapport à ce qui s'est fait en Europe. Ce n'est pas le moment de reprendre ces mauvaises expériences».