Commentaire19 mars: naissance de la méga dernière banque de Suisse
Il y a un an, le Conseil fédéral poussait UBS à reprendre Credit Suisse.
- par
- Eric Felley
Il y a une année exactement, le dimanche 19 mars, le Conseil fédéral mettait le point final à son opération visant à sauver Credit Suisse de la faillite en la faisant racheter par sa grande sœur UBS. Avec la BNS et la Finma, Karin Keller-Sutter avait travaillé en coulisses depuis le jeudi pour cette issue, la seule possible pour éviter une catastrophe bancaire le lundi à l'heure de l'ouverture des marchés.
Le mercredi précédent, Credit Suisse avait perdu 24% de sa valeur après l'annonce d'un banquier saoudien qui affirmait que son établissement ne mettrait plus un sou pour Credit Suisse. La chute de l'établissement helvétique aurait présenté un risque systémique pour l'ensemble du système financier mondial. Les autorités fédérales se devaient d'agir face à l'inquiétude de tous ses partenaires.
Devant le fait accompli
Une année après, on peut dire que l'opération a été réussie, mais pas sans douleurs pour ceux qui ont perdu, soit de l'argent, soit leur boulot dans cette fusion forcée. Dans les jours qui ont suivi le 19 mars, les partis politiques, mis devant le fait accompli, ont demandé des comptes. Les responsables de Credit Suisse et tous ceux qui ont failli à leur devoir de surveillance devraient être poursuivis et devraient rembourser Dieu sait combien…
Une année après, personne de premier plan n'a été réellement inquiété. Le Parlement a nommé une commission d'enquête, qui devrait donner son rapport avant la fin de l'année. Cette solution a permis de gagner un précieux temps politique pour apaiser les esprits. Au fil des mois, l'opinion publique, tout comme les marchés, se sont bien calmés.
Deux fois le PIB de la Suisse
Mais le 19 mars 2023, l'UBS est devenue une banque mammouth, qui pèse environ 1500 milliards de dollars au bilan, soit deux fois plus le PIB annuel de la Suisse. Dans le classement des banques mondiales, UBS occupe aujourd'hui la dixième place environ parmi les banques européennes et la trentième au plan mondial.
Sur le marché international, l'UBS est aujourd'hui la dernière banque suisse d'importance systémique. Bien qu'elle soit grande et solide, UBS est aussi une proie. Tout le monde pensait que la disparition de Credit Suisse était impossible, que son bilan et ses chiffres étaient bons. Mais la méfiance et la mauvaise réputation ont fait fuir les clients. Tout est allé très vite.
60 personnes pour la surveiller
En janvier dernier, la Finma, l'autorité de surveillance des marchés en Suisse, a précisé par la voix de sa directrice, Marlene Amstad, que soixante personnes travaillaient dorénavant chez elle pour l'unique surveillance d'UBS. S'il devait lui arriver des mésaventures similaires à Credit Suisse, faite de mauvaises affaires et de procès, la Suisse pourrait perdre sa dernière banque, qui pourrait finir dans les bras de HSBC, Barclays, Paribas ou la Deutsche Bank...