Débat muscléQuand Slobodan Despot mène la guerre aux «Beaux parleurs»
Le polémiste a dépassé les bornes lors de l'émission de dimanche. La RTS le regrette. Un peu.
- par
- Eric Felley
Ancien conseiller personnel d'Oskar Freysinger, écrivain engagé, polémiste prorusse, Slobodan Despot avait le sang chaud lors de la dernière émission «Les beaux parleurs», dimanche sur La Première. Alors que le débat tournait autour de la peur des Pays Baltes face à leur puissant voisin russe, le chroniqueur valaisan a affirmé: «Si les pays Baltes ne tombaient pas dans la restauration du nazisme, ils auraient beaucoup moins de problèmes avec les Russes. Or, on a des défilés de nazis en Estonie».
L'animateur Jonas Schneiter l'a contré : «Mais ça, ce sont des arguments russes». Le Valaisan a renchéri: «Non, ce sont des défilés de nazis. Ce ne sont pas les Russes qui les ont inventés. Les uniformes ont été faits en Estonie, pas en Russie.» Le politologue invité Stephan Davidshofer lui fait remarquer: «Mais on va vous trouver des nazis dans tous les pays européens».
«Est-ce la démocratie ?»
Slobodan Despot monte alors les tours et semble en rage contre le politologue. Il enfonce le clou: «Quand vous privez des citoyens de leurs droits parce qu’ils ne parlent pas la langue, parce que vous voulez leur faire passer des examens de loyauté, ça s’appelle comment? Est-ce la démocratie? Est-ce la démocratie?».
La discussion se poursuit autour de la question «nazie» dans une certaine tension. Slobodan Despot devient de plus en plus péremptoire et intimidant pour tout le monde autour de la table. Finalement, l'animateur parvient à y mettre un terme: «La Russie ne va pas libérer l’Europe du nazisme, vous n’allez pas nous vendre cette histoire-là ce matin...»
Propos «outranciers»
Peu après l'émission, dimanche, le Blick évoque un «dérapage sur les ondes de la RTS». Lundi, «24 Heures» évoque cette affaire après avoir contacté la RTS. «Nous regrettons cette séquence, écrit cette dernière, et comprenons qu’elle suscite de vives réactions. Les propos tenus en direct par le chroniqueur de l’émission sont outranciers et ils ne reflètent aucunement les points de vue des rédactions».
Mais la RTS rappelle que l'émission «Les beaux parleurs» est «un espace de discussion, où tous les points de vue, même polémiques, peuvent s’exprimer en direct avec une grande liberté de parole» Concernant son bouillant chroniqueur: «Nous estimons qu’il a sa place, dès lors que les échanges et les propos sont contredits et rectifiés si nécessaire».
Fake news et Covid-19
La RTS affirme également avoir à cœur de «lutter contre la désinformation». Sans doute que ses responsables auront écouté toute l'émission de dimanche. Slobodan Despot était très en verve, particulièrement sur le thème des fake news, qu'il passe son temps à démonter sur son site «Antipresse». «On a bien présenté des produits expérimentaux comme des vaccins, a-t-il soudain asséné, qui allaient nous protéger du Covid, alors que ce n'était pas le cas. C'est une fake news totale, c'est un mensonge total, vous avez entretenu ce mensonge...»
«Là, c'est vous qui êtes en plein délire, Slobodan», l'a coupé Jonas Schneiter.