Interdire le steak végétal? L'UDC veut suivre la France

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BerneInterdire le steak végétal? L'UDC veut suivre la France

Le Conseil fédéral devrait agir contre les produits végétaux qui prennent des noms de viande.

Eric Felley
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Eric Felley
Thomas Stettler (UDC/JU) mène la fronde, notamment contre les saucisses véganes.

Thomas Stettler (UDC/JU) mène la fronde, notamment contre les saucisses véganes.

20min/Matthias Spicher

Si le Larousse dit que le steak est une «tranche de viande de bœuf utilisée comme grillade», il faudrait le suivre à la lettre. Une douzaine de parlementaires bourgeois ont déposé le 14 mars dernier au Parlement une motion portée par le conseiller national jurassien Thomas Stettler (UDC/JU), dont le titre est clair: «Un steak, ce n'est pas en soja!»

Sa motion demande au Conseil fédéral «d’adapter la législation afin de préciser la liste des dénominations réservées aux seuls produits d’origine animale et donc de les interdire pour des produits à base de protéines végétales». Elle ajoute qu'il faut aussi «réserver les termes faisant référence aux noms des espèces et groupes d’espèces animales, à la morphologie ou à l’anatomie animale».

Décret le 27 février

Une fois n'est pas coutume, le Jurassien et ses cosignataires de l'UDC font référence à «nos voisins français qui ne s’y sont pas trompés en publiant fin février un décret» allant dans ce sens. Le 27 février dernier, un décret a précisé que, dorénavant en France, les appellations «steak, escalope, jambon ou encore filet, entrecôte et les termes liés à la viande sont désormais interdits pour désigner des produits à base de protéines végétales».

Concurrence déloyale

La Suisse ne connaît pas de dénominations réservées aux produits animaliers, ce qui fait qu'aujourd'hui on peut trouver «du jambon végétal, de la saucisse végane, de l’escalope quorn ou du poulet à base de pois», regrette Thomas Stettler. Il estime que pour les acteurs de la filière animale: «C’est une concurrence déloyale, car d’une part, ces appellations nous rappellent inconsciemment nos plats traditionnels avec de la vraie viande. Et, d’autre part, produire du bacon ou des rumsteaks avec des protéines végétales comme du soja ou du blé se fait à bien moindre coût et est écologiquement questionnable».

Les «lardons végétaux»

Mais en Suisse, contrairement à la France, on ne gouverne pas par décret. Du coup, il faudra attendre que cette motion passe dans les deux Chambres et que le Conseil fédéral lance une procédure de consultation. Pendant ce temps, les amateurs pourront continuer à déguster les fameux lardons végétaux que l'on trouve dans la grande distribution.

Depuis 2020, de multiples produits de boucherie ont été déclinés dans leur version végane: mortadelle, Schnitzel, boules de Bâle, carpaccio, saucisse à rôtir, fromage d’Italie, gendarme, tranche de pâté ou cordon-bleu, qui a été tout de même rebaptisé le «cordon-vert».

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