Drame de Tête Blanche«Ils ont été dans l'impossibilité de suffisamment se protéger»
Parmi les premiers secouristes à avoir atteint les randonneurs, Gregory Bueche a livré son témoignage sur la RTS.
- par
- Eric Felley
L'émission «Mise au Point» de la RTS est revenue dimanche soir sur le drame de Tête Blanche en Valais, qui a coûté la vie à six personnes lors du week-end des 9 et 10 mars. Si le corps des cinq randonneurs valaisans, d'une même famille du Val d'Hérens ont été retrouvés, celui de la jeune Fribourgeoise de 28 ans qui les accompagnait demeure introuvable.
C'est pourtant elle qui a réussi à joindre les secours le samedi 9 mars à 17h19 au numéro 144. Le chef du Service opérationnel de l'Organisation cantonale valaisanne de secours, Alexandre Briguet, est revenu dans l'émission sur le contenu de cet échange. «La voix était calme, explique-t-il, il n’y avait pas de grand stress. La personne nous a expliqué la situation. Ils étaient bloqués dans la tempête».
Conversation interrompue
Après avoir évoqué les conditions météos venteuses, la femme a informé son interlocuteur qu’«un des membres du groupe n’était pas bien, qu’il ne pouvait pas avancer». À ce moment-là, les six randonneurs ont décidé de rester tous ensemble. Ils disposaient de couvertures de survie et de petites pelles. Il leur a été conseillé de creuser un abri. La conversation a duré quelques minutes avant d'être subitement interrompue, probablement à cause de la tempête.
La suite des événements a été maintes fois racontées. À cause d'une météo exécrable, les hélicoptères et les sauveteurs mobilisés depuis samedi en fin d'après-midi n'ont pas pu intervenir, causant une très «grande frustration», selon les termes du commandant de la police cantonale valaisanne, Christian Varone.
L'espoir d'une «belle grotte»
C'est seulement le dimanche soir peu après 21 heures que les randonneurs ont pu être atteints. L'émission «Mise au Point» livre le témoignage de Gregory Bueche, sauveteur chez Air Glaciers, un des quatre premiers secouristes à être arrivés sur place avec «l'équipe de pointe», deux guides, un médecin et un policier. «On a toujours espoir, dit-il, qu'ils ont fait la belle grotte, ils sont abrités, ils sont proches d'une température acceptable, où la survie est possible».
«Tout est déjà scellé pour eux»
Mais, cet espoir sera vain. L'équipe doit marcher encore durant deux heures dans la nuit et la neige. Et enfin, c'est l'épilogue tant redouté: «On les trouve très rapidement aux cordonnées données, les skis sont encore plantés pour indiquer leur emplacement... Et très vite, on se rend compte que notre action aura très peu d'impact sur leur destinée. Tout est déjà scellé pour eux, parce que le trou dans lequel on espérait les trouver, n'est pas suffisamment grand, pas suffisamment protégé... Ils ont été dans l'impossibilité de suffisamment se protéger».