«Mister Spade», un privé dans la France du général

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Minisérie«Mister Spade», un privé dans la France du général

Le détective du «Faucon maltais» retraité dans l'Aveyron? L'idée ne manque pas de sel.

Jean-Charles Canet
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Jean-Charles Canet

La bande-annonce américaine de «Monsieur  Spade». Elle vaut son pesant de cacahuètes.

YouTube/AMC

«Mister Spade» est une minisérie Canal+ (six épisodes avec un début, un milieu et une fin) basé sur un postulat très casse-gueule. Pilotée par deux vétérans, Scott Frank («Le jeu de la Dame» pour Netflix) et Tom Fontana («Oz», notamment), cette production franco-américaine imagine que le détective privé Sam Spade (héro de romans de Dashiell Hammett, du «Faucon maltais» en particulier) est envoyé en mission à Bozouls, charmante ville française qui, sur une carte, forme le sommet d'un triangle dont la base serait constituée par Toulouse et Montpellier.

Nous sommes en 1955. Le privé est chargé de remettre la jeune Teresa à sa grand-mère. Entre lui et la femme d'âge mûr, le courant passe. Il s'installe avec la châtelaine. Huit ans plus tard, devenu veuf, des évènements viennent lui rappeler qu'il fut un temps détective. Les choses se corsent encore plus quand les sœurs du couvent de la ville sont retrouvées assassinées…

Sam Spade, c'est Clive Owen au sommet d'une distribution, il faut bien le dire, assez éblouissante. L'acteur anglais est en effet accompagné par Denis Ménochet, Chiara Mastroaini, Denise Bourgoin et Jonathan Zaccaï.  D'autres acteurs, français et anglo-saxons, moins connus mais de premier plan, complètent le casting.

Choc des cultures

Pour tout dire, on a cru assez longtemps que le choc des cultures allait se révéler désastreux. La première surprise est que ce n'est pas tout à fait le cas, surtout si on privilégie la version originale sous-titrée. Là, chacun parle dans sa langue avec des passages de l'une à l'autre excellemment conduits. Et puis, voir l'imposante distribution anglo-saxonne s'essayer à la langue de Voltaire sans masquer son origine est charmant.

Certes, on constate que l'action se passe dans la France du général, que la guerre d'Algérie divise le pays en toile de fonds, que les vielles pierres de Bozouls sont bien jolies tout comme les calandres des voitures d'époque alors que les radios ne tarissent jamais de diffuser les titres évocateurs de la grande chanson française. Dans la France profonde, il y a des rues pavées, des commerces typés, le Français est caractériel, tantôt séduisant, tantôt hautain, voire insupportable. Pourtant, «Mister Spade» n'est pas tout à fait «Emily in Paris». Pas loin, mais l'ensemble s'en sort mieux. On laisse cela à votre humeur.

Et l'intrigue?

Outre le folklore local, «Mister Spade» doit aussi s'accoquiner avec une intrigue. Très subjectivement, on a plus apprécié ses prémisses que son développement qui a eu tendance à nous perdre. Mais le bouquet final étant assez habilement composé, on en est ressorti repu, mais pas pour autant écœuré.

Au final, «Mister Spade» reste une étrange rencontre. Un oiseau sur le fil.

«Mister Spade», «Monsieur Spade» aux Etats-Unis, est actuellement visible en intégralité sur «MyCanal»

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