Des vélos pour éviter... les éléphants sur le chemin de l’école!

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ZimbabweDes vélos pour éviter... les éléphants sur le chemin de l’école!

Croiser un éléphant ou une bande de hyènes sur le chemin de l’école provoque bien des frayeurs aux enfants.

Il n'est pas rare de croiser des éléphants sur le chemin de l'école, dans certaines régions du Zimbabwe.

Il n'est pas rare de croiser des éléphants sur le chemin de l'école, dans certaines régions du Zimbabwe.

AFP

Croiser un éléphant ou une bande de hyènes sur le chemin de l’école provoque bien des frayeurs, dans ce coin du nord-ouest du Zimbabwe au bord d’une réserve naturelle. Joaquim Homela, 12 ans, ne fera plus les six kilomètres à pied, il a un vélo flambant neuf.

Jusqu’à récemment, il se dépêchait, accompagné de sa grand-mère, pour éviter les mauvaises rencontres. Les éléphants sont les plus meurtriers, surtout s’ils sont agités juste après avoir croisé un paysan ou un éleveur.

Les blessés mais aussi les morts se chiffrent par dizaines chaque année. En 2023, encore 50 Zimbabwéens sont morts et 85 ont été blessés après avoir rencontré des animaux sauvages.

Un chiffre en baisse par rapport aux années précédentes mais qui pourrait remonter: les éléphants, assoiffés par une sécheresse aggravée par le phénomène El Nino, parcourent ces derniers mois de plus grandes distances, augmentant les chances de rencontres avec des humains, pour trouver à boire, rappellent les responsables du parc de Hwange.

A l’aube, Joaquim enfourche sa bicyclette noire et blanche, cadeau d’une ONG qui veut sécuriser les villages Mabale mitoyens du parc mais éveiller aussi à la nécessité de la conservation animale.

L’adolescent ne peut pas s’asseoir sur la selle, le vélo est trop grand pour sa frêle silhouette, mais ses coups de pédale déterminés trahissent une excitation palpable, sur la route de gravier inégale et sinueuse qui mène à l’école.

Si des éléphants apparaissent au loin, ou toute autre menace, il a le temps de filer bien plus vite pour éviter la rencontre.

Une centaine d’enfants défavorisés ont ainsi récemment reçu un vélo, dans le cadre d’un projet conjoint entre l’administration des parcs nationaux, ZimParks, et le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW).

Les lions rôdent

La grand-mère du collégien, Siphiwe Moyo, se réjouit de ne plus devoir se lever à quatre heures du matin pour préparer et parcourir avec Joaquim au moins une partie du chemin.

«Les animaux sauvages, en particulier les éléphants et les lions, rôdent autour de nos villages», souligne-t-elle, et encore plus souvent au petit matin. «C’est normal ici», donc les adultes organisent des rotations pour que les enfants soient accompagnés.

«Nous coexistons avec les animaux sauvages, mais des cas de personnes tuées ou blessées, par des éléphants en particulier, se produisent ici et là, donc nous craignons pour nos jeunes», explique la grand-mère.

Dans cette région, les villageois s’inquiètent aussi pour leur bétail ou leurs ânes, régulièrement croqués par lions et hyènes.

Le directeur de ZimParks, Fulton Mangwanya, veut sensibiliser les villageois aux merveilles de la faune sauvage, en faisant reculer la peur. Mais aussi parce que «dès qu’ils ne voient plus la valeur de ce patrimoine, vous pouvez être sûrs que la faune sera décimée par le braconnage», confie-t-il à l’AFP.

Phillip Kuvawoga, de l’IFAW, veut aussi favoriser des relations harmonieuses entre humains et vie sauvage et «il n’y a pas de meilleur moyen que d’investir dans l’éducation des enfants».

«S’il n’est pas pris en compte, le conflit entre l’homme et la faune constitue une menace sérieuse pour le bien-être des communautés et l’intégrité de la biodiversité de l’écosystème de Hwange», dit-il.

Avec ZimParks, son ONG veut «favoriser la coexistence à travers des campagnes de sensibilisation et des interventions efficaces, notamment en soutenant les écoliers et en mettant en place des enclos innovants pour protéger le bétail des prédateurs», détaille-t-il auprès de l’AFP.

Avec un nombre estimé à 100'000, le Zimbabwe possède la deuxième population d’éléphants derrière le Botswana, grâce aux efforts de conservation. Selon ZimParks, cette croissance se poursuit de façon exponentielle et le parc national de Hwange compte désormais 65'000 éléphants, soit plus de quatre fois sa capacité d’accueil.

Un recensement aérien en 2022 dans l’immense zone transfrontalière de l’Okavango-Zambèze, aux confins de cinq pays (Botswana, Zimbabwe, Zambie, Namibie et Angola) a compté 227'900 éléphants, soit la plus importante population d’éléphants de savane au monde.

(afp)

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